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De la genèse de l’idée de Dieu par Ibrahim TABET

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De la genèse de l’idée de Dieu

« Je suis le commencement et la fin de tous les êtres
Et dans les vivants je suis la conscience.
Entre ceux qui ont descendance je suis l’amour
Entre les fleuves je suis le Gange.
Je suis le temps impérissable, la beauté, la gloire…
Et je suis la mort de tout, et je suis la naissance de tout »

Vers de la Baghavat Gita

« Tout homme va à Dieu à travers ses propres dieux »

Ghandi

Face aux mystères de l’univers, les hommes, ne pouvant se livrer qu’à des conjectures sur ce qui est au delà de leur savoir, inventèrent les dieux. Seules instances à avoir répondu durant des millénaires à la question du sens et à l’angoisse de la mort, les religions exercent une fonction à la fois spirituelle (lien entre le sacré et le profane) et sociale (lien entre les hommes). Faisant miroiter une promesse de vie éternelle dans l’au-delà, elles sont aussi orientées vers l’ici-bas. Accomplir des rites conformes aux commandements de la religion ayant pour fonction de produire des résultats espérés en termes de santé, de prospérité, de bonheur ou de victoire. Non contente de vouloir régenter les consciences, la théologie a également prétendu pendant des siècles se mêler de cosmologie avant de consentir à laisser ce domaine de compétence à la science et à se limiter à la question du salut.

Au cours de la préhistoire est apparue une forme primitive de religiosité sacralisant la nature. Les rituels pratiqués par les chamanes avaient pour fonction de communiquer avec ses forces invisibles et les rituels de la mort à l’idée qu’il existait une vie dans l’au-delà. Apparut également le culte des esprits ancêtres. Il ne s’agissait cependant pas encore de spiritualité mais d’une sorte de panthéisme. Les premières représentations de divinités apparurent il y a seulement dix mille ans à l’aube du néolithique avec la sédentarisation et la naissance des cités.

Aux rituels de la transe chamanique succédèrent les prières des prêtres. Les esprits du tonnerre des orages et de la pluie furent convertis en divinités sexuées. Et la croyance que l’âme ne peut accéder à la vie éternelle sans son enveloppe charnelle entraîna la momification des corps des pharaons dans l’Égypte ancienne. Les déesses mères, symboles de fécondité et de fertilité, précédèrent les dieux, mais ces derniers finirent par les supplanter avec la constitution de sociétés patriarcales. Les rituels sacrificiels, qui avaient pour fonction de bénéficier de leur protection et de leurs bienfaits ou de conjurer leur courroux, firent l’objet d’une surenchère débouchant sur les sacrifices humains. Les divinités égyptiennes primitives zoomorphes ont laissé la place aux dieux anthropomorphes grecs, dotés des mêmes passions et des mêmes travers que les humains.

Croyances critiquées par les philosophes : Socrate qui sera condamné à mort pour impiété ; Platon et Aristote qui ont forgé par la raison la conception d’un Etre premier, absolu et bon, qui ressemblait fort au Dieu de la révélation biblique et coranique. Comme tous les grands sages de l’Antiquité, ils considéraient le polythéisme comme la religion du peuple. Pour eux, la multiplicité des dieux ne faisait que symboliser les forces cosmiques émanant d’un Etre suprême dont ils croyaient à l’unicité mais en réservaient l’enseignement à un cercle étroit d’initiés. Cet Etre suprême était appelé « âme du monde » par la théosophie et Brahma par l’Hindouisme.
Chaque cité, chaque État avait ses dieux que l’on invoquait en temps de paix ou de guerre. La victoire d’une communauté était aussi la victoire de son propre dieu sur le dieu étranger, du dieu le plus fort sur le dieu le plus faible. Aucun État conquérant ne nourrissait toutefois la prétention de convertir, de gré ou de force, à ses dieux, les peuples qu’il subjuguait. Témoignant du syncrétisme de l’Antiquité, Rome édifia même un Panthéon abritant tous les dieux des peuples conquis. Avec la constitution de grands Etats succédant aux cités-États apparut une hiérarchisation des dieux, puis l’idée de l’existence d’une divinité suprême mais non exclusive, faisant l’objet d’un culte qualifié de monolâtrie, étape intermédiaire entre le polythéisme et le monothéisme. C’est les cas de Zeus, trônant au sommet de l’Olympe. Et d’Amon-Ré auquel s’identifiaient les pharaons, à la fois souverains absolus et prêtres suprêmes de l’Égypte antique, garants de l’ordre du monde. À Rome, les empereurs étaient, eux aussi, divinisés et le culte impérial était mis au service de l’intégration des peuples de l’Empire.

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Les grandes religions de l’Antiquité avaient une conception trinitaire de la divinité qui sera reprise par le christianisme. Pour la théosophie ou sagesse des dieux, le microcosme est, par sa composition ternaire, à l’image du macrocosme, monde divin, humain et naturel, qui est lui-même l’organe ineffable de Dieu, lequel est Père, Mère et Fils, essence, substance et vie. A Osiris, Isis et Horus chez les Égyptiens, correspondaient Zeus, Déméter et Apollon chez les Grecs, Brahma, Shiva et Vishnou chez les Hindous. Incarnation de l’éternelle énergie cosmique, Shiva tient dans sa main gauche supérieure une langue de feu, et dans sa main droite supérieure le tambourin, représentant la musique, symbole de l’harmonie des lois de la nature. A l’origine est le règne absolu de la flamme. Le feu s’abaisse. La matière s’éveille et s’organise. La flamme fait place à la musique. Les gestes des autres mains traduisent l’équilibre de la vie et de la mort dans le cycle des réincarnations à l’issue duquel les âmes sont destinées à fusionner avec le Brahma suprême.

Représentée par le disque solaire, source de vie, la première idée d’un Dieu unique et exclusif formulée par Akhenaton ne lui survécu pas. Puis, au bout d’une longue maturation, une partie de l’humanité s’est ralliée à l’idée, développée par une succession de prophètes inspirés, d’un seul Dieu, à la fois transcendant, omnipotent, omniscient, créateur de toute chose et éthique. C’est le cas des adeptes des trois religions du Livre : juifs, chrétiens et musulmans. Toutes les trois croient à l’immortalité de l’âme, et font dépendre le salut dans l’au-delà de la conduite ici-bas. Elles croient aussi à l’existence de l’enfer et du paradis dont on ne sait s’il se situe au « ciel » ou dans l’une des milliards de galaxies peuplant notre univers.

Les premiers à se rallier à cette conception du monothéisme furent les Hébreux. Fruit d’une longue évolution, elle ne s’imposa définitivement qu’au Vie siècle avant notre ère, contrairement à l’assertion de la Bible qui la fait remonter à Abraham. C’est à la même époque qu’apparut en Perse un autre monothéisme, le Zoroastrisme, adorant un Dieu unique et éthique, Ahura Mazda, qui, comme le Dieu de l’Ancien Testament, protège les fidèles et punit les pécheurs. Abraham ainsi que Moïse  sont probablement des personnages légendaires dont l’historicité n’est pas prouvée. Aucun texte égyptien ne mentionne d’ailleurs l’existence de ce dernier, ni la réalité du récit de l’exode. La Bible est un mélange de récits de portée symbolique, comme celui d’Adam et Ève, d’événements historiques plus ou moins avérés, et de mythes empruntés notamment à la culture mésopotamienne, comme celui du déluge, ou de Moïse  sauvé des eaux. Elle est également destinée à légitimer les notions de peuple élu et de terre promise, ce qui explique la lecture littérale qu’en font les juifs orthodoxes.

C’est le cas aussi des protestants fondamentalistes américains qui, rejetant toute critique rationnelle de la Bible, nient la théorie évolutionniste de Darwin et défendent la thèse du créationnisme affirmant la création directe de l’humanité par Dieu.
Le Dieu de l’Ancien testament était un Dieu jaloux et guerrier. Dans la Torah, Yahvé donne souvent à Israël l’ordre de partir en guerre contre les autres nations. «  Tu démoliras leurs autels, tu briseras leurs stèles, tu brûleras leurs idoles, tu ne laisseras pas subsister aucun être vivant dans les villes que le Seigneur ton Dieu te donne en héritage » proclame le Deutéronome. Moïse et ses successeurs ne se privèrent pas d’ordonner des massacres au nom de Dieu. Ce n’est qu’après le retour de l’exil à Babylone, que les prophètes tardifs développèrent une littérature de sagesse traduisant un questionnement spirituel et brossant dans les psaumes l’image d’un Dieu aimant et compatissant, proche du cœur des fidèles. Et le livre de Job tenta de concilier la coexistence du mal et de Dieu.

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Contrairement à l’attente des Hébreux, Jésus se présenta comme un Messie purement spirituel dont le royaume n’est pas de ce monde. Il fera du Dieu d’Israël un Dieu d’amour. Mais il n’a pas voulu abroger la loi juive. C’est l’apôtre Paul qui a fondé une nouvelle religion de salut universel, distincte du judaïsme. A l’ancienne alliance entre Dieu et le peuple élu succède une nouvelle alliance entre Dieu et l’ensemble de l’humanité, fondée sur la foi en la divinité du Christ affirmée par les évangiles. A la différence des évangiles synoptiques de Luc, Mathieu, et Marc, c’est surtout le cas de celui, plus tardif, de Saint Jean, le seul où sa divinité est explicitement mise dans la bouche de Jésus, et qui en fait l’incarnation du logos divin. Il se peut que le récit de sa vie, tel que relaté dans les évangiles canoniques, rédigés bien après sa mort, soit en partie mythique. Et des miracles comme la résurrection de Lazare ont peut être été inventés pour les besoins de la cause. Mais cela n’enlève rien au fait qu’aucun prophète, y compris Bouddha, n’ait enseigné des principes moraux et éthiques aussi élevés et aussi ambitieux.

De la croyance que Jésus est fils de Dieu on passa à la croyance qu’il est Dieu fait homme, puis au mystère de la trinité. Les dogmes fondateurs de la doctrine chrétienne n’ont été élaborés par les quatre conciles œcuméniques (Nicée, Constantinople, Ephèse et Chalcédoine) qu’à la suite de longues controverses trinitaires et christologiques. Il a fallu trois siècles à l’Église pour proclamer le dogme de la trinité et pour résoudre la question des relations entre Jésus-Christ et Dieu le Père.

Est-il Dieu comme lui et ayant la même substance ? Ou un être divin créé par lui et subordonné à lui, comme le professait l’arianisme ? Dans la relation au Saint Esprit, la mention « filioque » a été, et demeure toujours, un sujet de controverse entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. La question étant : de qui procède le Saint Esprit, du Père seulement ou du Père et du Fils ? Quant aux querelles christologiques elles portaient sur la coexistence en Jésus de l’humain et du divin. Au Ve siècle l’hérésie nestorienne qui veut distinguer en lui l’homme et le fils de Dieu, ainsi que le monophysisme pour qui le Messie a une seule nature, divine, ont fait l’objet d’une double condamnation derrière laquelle se profilaient des oppositions politiques et culturelles entre Constantinople et Alexandrie, Grecs et Sémites orientaux. Jusqu’à la Renaissance il ne fut pas permis à l’homme occidental d’avoir d’autre pensée que la pensée chrétienne. Pour Saint Augustin tout s’explique par l’influence du créateur. L’autorité de l’Écriture est supérieure à tous les efforts de l’intelligence humaine. Il ne faut donc pas chercher à comprendre l’univers et à étudier le monde sensible. La foi suffit.

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L’idée d’un Dieu unique ne pouvait qu’entrer en collision avec le polythéisme antique et le syncrétisme de la société romano-hellénique. Ce fut surtout le cas du Dieu universel des chrétiens qui, contrairement au Dieu national juif, est porteur d’un projet eschatologique qui doit sauver l’humanité entière. La conversion de Constantin, puis la proclamation du christianisme comme religion d’État par Théodose marquent le début de ce qu’Arnold Toynbee a qualifié de « plus grand désastre qui soit arrivée à la chrétienté : l’immixtion de César dans les affaires de Dieu, et de l’Église de Dieu dans les affaires de César ». A partir de ce moment, toute atteinte à l’Église devient une trahison envers l’État. Bien que le Christ ait prêché une religion d’amour,  le christianisme institutionnalisé, contribua à légitimer la violence la plus brutale.

De persécutée au nom du Christ l’Eglise devint persécutrice en son nom. Contrairement à l’enseignement du Christ, elle a prétendu imposer la primauté du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Et, en contradiction avec le message évangélique de pauvreté, les papes de La Renaissance furent aussi des chefs politiques et de guerre, avides de pouvoir et de richesses matérielles. Abus à l’origine de la Réforme protestante qui prône une émancipation du pouvoir des clercs et de la papauté pour revenir aux principes de l’Evangile. Puis de la Contre-réforme qui enclencha un processus conduisant l’Église catholique à se concentrer finalement, sous la pression des pouvoirs séculiers, et non sans résistance, à sa mission spirituelle, morale et sociale ; et, depuis le concile Vatican II, à se prononcer pour un dialogue avec les autres religions, au grand dam des catholiques intégristes, disciple de Mgr. Lefebvre.

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Dernière née des religions monothéiste l’islam est revenu à l’unicité de Dieu proclamée par le judaïsme. Un Dieu transcendantal, invisible, clément et miséricordieux.  Mahomet fut à la fois un prophète, un législateur, un fondateur d’État et un chef militaire. Se présentant comme envoyé de Dieu, il ne voulait pas d’abord créer une religion nouvelle mais revenir à la foi originelle d’Abraham. Se proclamant comme le sceau des prophètes, il ne prônait pas une rupture avec le judaïsme et le christianisme, dont il respectait les livres saints, mais déclarait vouloir leur accomplissement et leur dépassement. Celui du monothéisme bancal du christianisme qui scinde Dieu en trois entités, et celui de la notion judaïque de peuple élu, remplacée par une religion universelle. Mais les réticences des chrétiens et l’opposition des juifs poussèrent le Prophète à prendre ses distances avec eux. Pour marquer cette rupture, il invite ses fidèles à ne plus prier vers Jérusalem mais désormais vers La Mecque. Alors qu’à La Mecque sa prédication revêtait un caractère religieux et liturgique, et donnait en exemple aux croyants la miséricorde divine, à partir de l’hégire les sourates médinoises prirent une orientation nettement politique, sociétale et législative.

Le Coran compte plusieurs versets qui exaltent la guerre sainte, le jihad, même si certains d’entre eux ont été interprétés comme des incitations à l’effort sur soi-même. Et l’islam se propagea par la conquête tout en ne cherchant pas à convertir de force les peuples soumis à sa domination, conformément à un verset qui déclare : « pas de contrainte en religion ». A la différence du catholicisme confronté au défi du protestantisme et qui a accompli son aggiornamento, l’islam sunnite, n’est pas parvenu à se réformer. La croyance que le Coran est la parole incréée de Dieu constitue un obstacle à son exégèse, malgré les efforts d’interprétation (ijtihad) du Hanafisme, la plus libérale et la plus souple des quatre écoles juridiques sunnites. Faisant preuve d’un plus grand esprit d’ouverture, les clercs chiites élaborèrent tout un corpus doctrinal destiné à donner une réponse aux défis du monde moderne. Les druzes quant à eux professent une religion syncrétique et ésotérique qui vénère sept incarnations de leur divinité, parmi lesquelles figurent Pythagore, Moïse, le Christ, Mahomet et le calife fatimide Al Hakim, inspirateur de leur croyance au Xe siècle.

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Les religions peuvent inspirer le meilleur comme le pire : des saints et des soufis mystiques, comme des soldats autoproclamés de Dieu perpétrant des atrocités en son nom. La croyance en un Dieu unique et universel engendre la croyance en une vérité unique et universelle et, de là à vouloir l’imposer au monde entier, le pas est vite franchi. L’histoire des religions monothéistes est entachée de multiples exemples d’intolérance et de fanatisme. Alors que l’Empire romain païen avait réussi à intégrer les peuples conquis en admettant tous leurs dieux dans son panthéon, le monothéisme des chrétiens, des musulmans et des juifs est devenu une source d’exclusion et « d’identités meurtrières ». Censées favoriser la paix, les religions sont pourtant devenues l’un des leviers de guerre les plus puissants. De ce point de vue les musulmans sont d’avantage en accord avec l’enseignement et l’exemple de Mahomet qui fut aussi un chef politique et de guerre que les chrétiens avec celui du Christ qui se fit l’apôtre de la non-violence. Cela dit l’évolution de la chrétienté et de l’islam en matière de tolérance s’est faite en sens inverse. Et alors qu’aujourd’hui ce dernier est le théâtre d’une recrudescence d’intolérance, cela a été longtemps davantage le cas de la chrétienté.

 En raison de l’absence de dogmes, les croyances indiennes, chinoises et japonaises ne sont pas exclusives comme les religions monothéistes. Elles admettent la pluralité des voies pour atteindre la libération. En Chine, une même personne peut être à la fois bouddhiste, taôiste et confucéenne, et au Japon se marier selon le rite shintoïste et avoir des funérailles bouddhistes. En outre l’idée d’un Dieu personnel est absente des sagesses asiatiques. Pour Bouddha c’est perdre son temps que de spéculer vainement sur les questions métaphysiques, l’existence ou non d’un être suprême étant inaccessible à la raison et à l’expérience.

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La position de la pensée occidentale est différente. Nombre de philosophes et de scientifiques, même athées ou agnostiques, estiment qu’il existe probablement une intelligence suprême derrière la création. Pour eux l’évolution de l’univers, ainsi que la montée de la complexité qui a finalement accouché de la conscience, ne saurait être uniquement le fruit du hasard.  C’était déjà l’opinion de Voltaire qui, critiquant le théisme « inventé par les prêtres », prônait un déisme postulant l’existence d’un Grand-Horloger s’apparentant au Grand-Architecte de l’univers des Francs-maçons. Dans sa lutte pour instaurer une « religion de la raison », la philosophie des Lumières, considérait la religion comme une superstition dépassée, du moins en Europe, qui aurait atteint «  l’âge adulte de l’humanité  » selon l’expression de Kant. C’est aussi la thèse d’Auguste Comte auteur de la loi des trois états selon laquelle l’esprit humain passe successivement par « l’âge théologique », et par « l’âge métaphysique », pour aboutir enfin à « l’âge positif ». Et Max Weber a fait de l’histoire de l’Occident moderne celle du « désenchantement du monde », de la sortie du monde magique de la religion. Il souligne l’importance du processus de rationalisation caractérisé par l’effacement de la croyance irrationnelle dans l’action de Dieu dans le monde.

Il n’y a que dans une Europe occidentale largement déchristianisée où la religion ne fonde plus le lien collectif et où le sens du sacré s’est perdu. Depuis le dernier quart du XXe siècle, le monde est le théâtre d’un « retour du religieux », aussi soudain que généralisé. Phénomène qui semble donner raison à Malraux qui prophétisait : le « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas », contre Nietzche qui avait prononcé la mort de Dieu. Sauf que cette « revanche de Dieu  » selon l’expression de Gilles Kepel, reflète moins un regain de foi qu’une quête d’identité en réaction au « désenchantement du monde » et un recours à la religion à des fins politiques. Et, s’il touche toutes les religions et tous les continents, c’est surtout au sein de l’islam qu’il se manifeste de la manière la plus radicale et la plus violente. Avec le risque que ne se rallume l’antagonisme millénaire entre l’islam et la chrétienté et se réalise une autre prophétie : celle du choc des civilisations.

Ibrahim Tabet
LRF-juillet 2015

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