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La Renaissance Française enrichit son Fonds muséographique, don

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La Renaissance Française avait déjà reçu de l’un de ses membres, Monsieur Jean Gérad Bosio, fondateur du Fonds muséographique Leopold Senghor, une très généreuse donation. Il s’agissait des Elégies Majeures illustrées par 18 oeuvres originales de six artistes de renommée mondiale : M.H. Vieira da Silva, Pierre Soulages, Zoa Wu Ki, Hans Hartung, Alfred Manessier, Etienne Hajdu.

Aujourd’hui, Jean Gérard Bosio, nous offre, toujours de Léopold Senghor, “Chants d’ombre”, magnifique oeuvre de bibliophilie d’art. Les poèmes sont merveilleusement illustrés de 11 gravures originales signées André Masson.

Ces oeuvres seront exposées à Paris le 30 novembre.

Gros plan sur Chants d’ombre (1945)
Chants d’ombre est un recueil qui a fait date dans l’histoire de la poésie. Lecteur attentif de Claudel, de Saint-John Perse et des surréalistes, Senghor se rapproche d’eux par l’esprit et le sens de l’image.
Extrait : Nuit de Sine

Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
À peine. Pas même la chanson de nourrice.
Qu’il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons
Battre le pouls profond de l’Afrique dans la brume des villages perdus.
Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s’alourdissent ; que s’alourdit la langue des choeurs alternés.
C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles.
Dedans, le foyer s’éteint dans l’intimité d’odeurs âcres et douces.
Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent autour les Ancêtres comme les parents, les enfants au lit.
Écoutons la voix des Anciens d’Elissa. Comme nous exilés
Ils n’ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal.
Que j’écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d’âmes propices
Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir du feu et fumant
Que je respire l’odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix vivante,
que j’apprenne à Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur, dans les hautes profondeurs du sommeil.

Léopold Sedar Senghor, Chants d’ombre © éd. du Seuil (1945).

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