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SÈTE : Remise de la Médaille d’Or de La Renaissance Française à Pierre Soulages

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Remise de la Médaille d’Or de La Renaissance Française à Pierre Soulages

[?Pierre Soulages] et La Renaissance Française, une dynamique rencontre de centenaires !

A l’initiative de Dominique-Henri Perrin, membre du Conseil d’Administration de La Renaissance Française et Président de la Délégation Languedoc-Roussillon, Pierre Soulages, Grand-Croix de la Légion d’honneur, a reçu, à Sète, du Professeur Denis Fadda, Président international de notre institution, la Médaille d’Or de La Renaissance Française, la plus haute de nos distinctions, pour sa contribution exceptionnelle à la recherche de l’outre-noir dans son œuvre reconnue dans tous les musées du monde.

Dans son atelier du Mont Saint-Clair, en présentant une toile monumentale qu’il vient d’achever pour le musée de Munster, en Allemagne, Pierre Soulages a confié «J’ai découvert l’outre-noir  pour sortir de la définition optique. C’est une vision multiple. L’espace de la toile est devant. Selon le moment de la journée et le lieu où l’on se trouve, la lumière, l’œuvre peuvent changer. Ce sont des rapports à l’espace et au temps. ».

« Sortir des sentiers battus » pour faire vivre dans le monde la culture française et francophone, c’est, donc bien, le sens de la récompense de cet Établissement centenaire, reconnu d’utilité publique depuis 1924, comme l’a rappelé le Chancelier Gabriel de Broglie, de l’Académie Française, en prenant ses fonctions de Président d’honneur de La Renaissance Française, succédant à Simone Veil qui les avait assumées de 1998 à sa disparition.

Discours du président Denis Fadda

REMISE DE LA MEDAILLE D’OR DE LA RENAISSANCE FRANCAISE A PIERRE SOULAGES

par Denis Fadda

Maître,

La Renaissance Française est une vieille institution ; elle a été fondée par le Président Raymond Poincaré, alors Chef de l’Etat, en 1915. Dès sa création elle a été autorisée à distinguer les mérites, ce qu’elle fait régulièrement.

C’est ainsi que va vous être remise aujourd’hui la plus haute de ses distinctions, la Médaille d’or de La Renaissance Française pour l’ensemble d’une œuvre qui ne peut avoir d’égale.

Notre organisation se veut protectrice des arts et des artistes. Par ailleurs, elle agit pour la paix par la promotion de la culture. Oui, car la culture peut grandement contribuer à la paix.

Vous, Maître, depuis le sortir de votre adolescence vous y contribuez par une œuvre magistrale ; l’œuvre d’un chercheur qui interroge.

Si j’essaie de caractériser l’artiste que vous êtes j’utiliserais trois termes :

◦ Vous êtes un oeuvrier au sens médiéval du mot, c’est à dire un homme de l’art, humble et vaillant, qui se situe au plus près de la matière, du concret, et qui est conscient de s’inscrire dans une longue, très longue lignée d’oeuvriers ; je pense, par exemple, à votre intérêt passionné pour l’art pariétal préhistorique.

◦ Vous êtes aussi un penseur au sens de l’idée qu’a voulu donner Rodin dans sa fameuse statue : un homme qui pense avec tout son corps, sa chair, sa peau, son ventre, ses pieds, ses mains, ses yeux.

◦ Vous êtes, surtout, un poète au sens grec du terme, celui qui fait, ni avec des mots, ni avec des notes mais à travers les rapports infinis issus de la rencontre entre la matière pigmentée, l’outil et le support.

Si je cherche maintenant à mettre des mots sur votre œuvre – et ce ne sont pas des mots de critique d’art mais ce sont les miens – je dirais que c’est une œuvre qui ressortit au mythe et plus précisément au mythe des origines

En effet, dans vos grands formats apparaît une cosmogonie, une forme d’union sacrée entre Ouranos et Gaïa, entre le jour et la nuit, entre la lumière et les ténèbres.

J’ai prononcé les mots « union sacrée » et je perçois en regardant vos œuvres une sorte de mystère insondable qui s’approche d’une mystique mais ne la rencontre jamais. D’ailleurs, s’il la rencontrait, y aurait-il une œuvre ?

C’est aussi pour moi une œuvre tragique ; elle refuse tout divertissement.

Pourquoi donc, lorsque j’observe certaines de vos œuvres, notamment les brous de noix, apparaît en moi l’image de la croix de la crucifixion, une grande croix noire se détachant sur le blanc du ciel ; croix érigée sur le Golgotha, le mont du crâne ?

Vos œuvres qui constituent une quête sans fin amène celui qui les regarde à s’engager lui-même dans une quête qui peut le surprendre.

Enfin, je ne peux m’empêcher de dire que votre œuvre est lyrique, et je n’emploie pas du tout ce mot dans son sens romantique mais dans son sens étymologique en référence à Orphée .

Dans certaines de vos œuvres que j’ai pu voir au centre Pompidou lors de la grande rétrospective 2009 – 2010, je ne peux m’empêcher de penser aux hauts plateaux de l’Aubrac, battus par les vents et ravinés par les pluies. Je vois aussi les terres labourées, travaillées par l’araire, dont les remous appellent la lumière.

Je vois aussi les vitraux de Sainte-Foix de Conques formant un chant silencieux qui, à la fois, préserve une pénombre diaphane et fait écho au chant monophonique grégorien.

Chacune de vos œuvres, au-delà de son intensité, de sa puissance, de sa justesse constitue un état de plénitude. Chacune est un poème.

Marcel Proust qui, vous le savez, vivait reclus dans son appartement et n’écrivait que la nuit, se compare à un hibou qui, dit-il, « ne voit un peu clair que dans les ténèbres » .

Ces mots définissent bien votre œuvre, Maître, une oeuvre qui nous permet d’y voir, nous aussi, un peu clair dans les ténèbres.

Sète, le 21 juin 2019


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Photo de la remise de la Médaille d’Or

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