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L’histoire du prix Goncourt

par Communication & Media

LE PRIX GONCOURT A 110 ANS (PAR JACQUES GRIFFAULT)

Ce prix littéraire français, créé par le testament d’Edmond de Goncourt en 1896, récompense chaque année « le meilleur ouvrage d’imagination en prose, paru dans l’année » écrit par un auteur d’expression française.
La Société littéraire des Goncourt fut officiellement fondée en 1902 et le premier prix Goncourt fut proclamé le 21 décembre 1903. Ce prix annuel est décerné au début du mois de novembre par l’Académie Goncourt parmi les romans publiés dans l’année en cours. C’est le prix littéraire français le plus ancien et considéré comme le plus prestigieux
Un chèque de 10 euros – les lauréats le font encadrer… – est remis au lauréat mais la communication entourant ce prix et la perspective de voir son roman accéder au palmarès des meilleures ventes, constituent une récompense bien plus importante. En effet le tirage moyen d’un prix Goncourt est de 300 000 à 400 000 exemplaires. Le plus fort tirage a été celui, en 1984, de L’Amant de Marguerite Duras publié aux Editions de Minuit qui a atteint 700 000 exemplaires, suivi par les 600 000 exemplaires, en 1990, des Champs d’honneur de Jean Rouad chez le même éditeur puis, en 2006, par les 500 000 exemplaires des Bienveillantes de Jonathan Littell publié chez Gallimard.
En 2013 Albin Michel a pris un gros risque en tirant d’entrée Au revoir là-haut à 30 000 exemplaires, tirage important pour un auteur qui changeait de genre. Grâce à l’enthousiasme des libraires et au bouche-à-oreille avant même l’obtention du prix Goncourt ce roman atteignait les 100 000 exemplaires, ce qui est exceptionnel. Dès l’annonce du prix, Albin Michel a effectué un nouveau tirage de 250 000 exemplaires.

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Au revoir là-haut a été choisi par le jury Goncourt au douzième tour de scrutin par six voix contre quatre à Frédéric Verger pour son premier roman, Arden (Gallimard). Ils étaient, au total, quatre auteurs en lice, trois hommes et une femme: Pierre Lemaitre, avec Au revoir là-haut (Albin Michel), Jean-Philippe Toussaint avec Nue (Minuit), Karine Tuil avec L’invention de nos vies (Grasset) et Frédéric Verger, avec un premier roman, Arden (Gallimard). 
En marge du Prix Goncourt, l’académie décerne en outre les Bourses Goncourt de la Poésie, de la Nouvelle, de la Biographie, de la Jeunesse et de Premier Roman.
Les dix membres de l’Académie Goncourt se réunissent chaque premier mardi du mois depuis 1920 dans leur salon, au premier étage du restaurant Drouant, rue Gaillon, dans le IIe arrondissement de Paris. Le prix est attribué début novembre. Si après quatorze tours de scrutin il n’y a pas de lauréat élu le président a une voix double pour déterminer une majorité de vote.
Le prix ne peut être décerné qu’une seule fois à un même écrivain. Romain Gary l’a cependant reçu deux fois… : en 1956 pour son roman Les Racines du ciel, puis, près de vingt ans après, en 1975, sous le pseudonyme d’Émile Ajar, pour le roman La Vie devant soi.
Le Prix Goncourt reste le prix littéraire le plus convoité en France parce qu’il assure de fait à son récipiendaire une promotion et des tirages importants. Régulièrement le prix Goncourt est critiqué pour être parfois « passé à côté » d’auteurs majeurs du xxe siècle ; l’exemple le plus souvent cité est l’attribution du prix à Guy Mazeline pour son roman Les Loups en 1932, année de la publication de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline évincé par 6 voix contre 4.

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On reproche aussi aux jurés du prix Goncourt un certain conservatisme dans leur approche de la littérature, ainsi que leur affiliation à des maisons d’édition (et plus précisément à trois éditeurs : Gallimard, Grasset et Le Seuil, d’où le terme ironique de « Galligrasseuil »), qu’ils auraient tendance à privilégier au détriment des petites maisons d’édition. En réalité si Gallimard a obtenu le prix 36 fois depuis sa création et Grasset 17 fois le Seuil, tout comme Flammarion ne l’a obtenu que 5 fois, bien derrière Albin Michel, 11 fois. On peut cependant remarquer que parmi les « petits éditeurs » les Editions de Minuit l’ont obtenu 3 fois (L’Amant de Marguerite Duras en 1984, Les Champs d’honneur de Jean Rouaud en 1990 et Je m’en vais de Jean Echenoz en 1999), Actes Sud, deux fois, (Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé en 2004 et Le Discours sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari en 2012) et P.O.L. une fois (Syngué Sabour, pierre de patience d’Atiq Rahimi en 2008).

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Les dix membres actuels de l’académie Goncourt

Les membres de l’Académie Goncourt, qui sont cooptés par les autres membres, sont désignés à vie. Ils sont bénévoles, hormis le couvert qui leur est assuré chez Drouant. Depuis 2008, les membres sont :
Bernard Pivot, président du jury, membre depuis 2004
Didier Decoin, membre depuis 1995
Françoise Chandernagor, membre depuis 1995
Edmonde Charles-Roux, membre depuis 1983
Tahar Ben Jelloun, depuis 2008, au couvert de François Nourissier, démissionnaire
Patrick Rambaud, depuis 2008, au couvert de Daniel Boulanger, démissionnaire
Régis Debray, depuis 2011, au couvert de Michel Tournier, démissionnaire
Pierre Assouline, depuis 2012, au couvert de Françoise Mallet-Joris, démissionnaire
Philippe Claudel, depuis 2012 au couvert de Jorge Semprún, mort en 2011
Paule Constant, depuis 2013 au couvert de Robert Sabatier, mort en 2012.

Les Présidents de l’académie Goncourt

Alphonse Daudet (1897)
Joris-Karl Huysmans (1900-1907)
Léon Hennique (1907-1912)
Gustave Geffroy (1912-1926)
J.-H. Rosny aîné (1926-1940)
J.-H. Rosny jeune (1940-1945)
Lucien Descaves (1945-1949)
Colette (1949-1954)
Roland Dorgelès (1954-1973)
Hervé Bazin (1973-1996)
François Nourissier (1996-2002)
Edmonde Charles-Roux (2002-2014)
Bernard Pivot (2014- )

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