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Patrimoine : sauver l’église Saint-Valery de Varengeville-sur-Mer (76) et son cimetière marin de leur chute à la mer.

par Pierre MABIRE (Communication de LRF)

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L’église Saint-Valery de Varengeville-sur-Mer et son cimetière marin. © P. M. /La Renaissance Française.

Avec les falaises d’Etretat et le point de vue au-dessus de l’anse de Pourville-sur-Mer, l’église paroissiale de Varengeville-sur-Mer et son cimetière marin font partie des lieux les plus remarquables de la côte d’Albâtre formée de falaises crayeuses, sur une ligne de littoral allant de Cayeux-sur-Mer (Somme) jusqu’au Havre (Seine-Maritime).
Joyau d’architecture religieuse, l’église Saint-Valery, classée monument historique depuis 1924, fut érigée à partir du XIIème siècle puis complétée au fil de temps, mixant les styles roman et gothique dans une harmonie douce invitant à la prière et la méditation.
Les matériaux de construction sont ceux trouvés dans le sol cauchois : silex et grès.
Le cimetière qui l’entoure offre une vue imprenable sur un horizon qui s’étend au-delà de Dieppe et laisse deviner les falaises du Tréport par temps clair. Parmi ses occupants pour l’éternité, se trouve de grandes célébrités, comme le maître du cubisme Georges Braque (1882-1963), le compositeur Albert Roussel (1869-1937), le peintre Michel Ciry (1919-2018), l’architecte franco-américain Paul Nelson (1895-1979), notamment.

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La tombe de Georges Braque ornée d’une mosaïque à l’oiseau. © P. M. /La Renaissance Française.

La mer gagne chaque année 30 à 40 cm sur la falaise crayeuse

Cependant, avec l’église paroissiale, ce cimetière est menacé à terme de tomber à la mer d’ici à moins d’un siècle environ. La falaise qui les porte à une altitude de quatre-vingts mètres, recule de 30 à 40 centimètres par an sous l’effet des coups de boutoir des grandes marées et de l’affaissement du sol dû au ruissellement des eaux souterraines terrestres vers la mer.
Les tentatives de sauvegarde comme le bétonnage du pied de falaise s’avèrent inutiles. Elles n’empêcheront pas l’érosion venant en grande partie des eaux terrestres profondes et des méfaits du gel sur la craie lors des hivers rigoureux.
Vers 2030, si tout devait rester en l’état, il est plus que probable que le bord de falaise se sera rapproché dangereusement du site classé et que les premiers affaissements du sol, du cimetière et du chevet de l’église auront rendu les lieux infréquentables pour le public.

Déplacer l’église : une solution envisagée mais coûteuse

Une idée fait actuellement son chemin : mettre l’église sur rail et vérins hydrauliques pour la faire reculer vers un autre emplacement à l’écart de la zone de danger, selon une technique éprouvée aux USA. Les tombes du cimetière seraient également déplacées pour être réimplantées autour de l’édifice.
Le coût d’une telle opération effraie cependant l’Etat, qui ne montre aucun empressement à prendre seul en charge une dépense de plusieurs centaines de millions d’euros : sauf à réaliser les travaux dans le cadre d’un financement mixte, public et privé. Une vaste opération de mécénat pourrait alors être lancée dans les années proches, à l’exemple du sauvetage de Notre-Dame de Paris. Mais il faut faire vite : avec le retour du printemps en 2023, comme tous les ans à pareille époque, des pans de falaises tomberont de nouveau en rendant le site de plus en plus fragile.

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