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Pierre Soulages : la lumière du noir ne s’éteindra jamais

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Le créateur de « l’outrenoir », Pierre Soulages, peintre, graveur et céramiste français né le 24 décembre 1919 à Rodez ( Aveyron), a rejoint l’éternité le mercredi 26 octobre 2022 à l’âge de 102 ans.
Il était titulaire de la médaille d’or de La Renaissance Française, reçue en 2019 des mains du président international Denis Fadda.
Nommé en 1979 membre honoraire étranger de l’Académie américaine des Arts et des lettres, Pierre Soulages était particulièrement connu pour peindre des reflets de la couleur noire, le « noir-lumière », comme il appelait cette technique.
Ses premiers rencontres avec les arts datent de 1936-37. Il peignait des paysages d’hiver blanchis de neige et se préparait pour passer le concours d’entrée à l’Ecole des Beaux-arts de Paris. Bien qu’admis, il décida finalement de ne pas s’y présenter, considérant à la suite d’une visite, qu’elle n’avait rien pouvant l’intéresser.

Colette, la femme de sa vie

La Seconde guerre mondiale le mobilisa de 1939 à 1940. Renvoyé dans ses foyers, il se présenta cette fois à l’école des Beaux-arts de Montpellier pour y préparer le professorat de dessin.
Si cette école ne l’enchanta pas plus que celle de Paris, c’est là qu’il fit la plus belle des rencontres de sa vie, celle de Colette Llaurens, qui devint son épouse, formant avec elle un couple soudé jusqu’à son dernier souffle.

Réfractaire au STO

La guerre révéla sa personnalité, celle d’un homme de conviction ne cédant rien à la facilité et à la compromission. Convoqué pour se rendre en Allemagne au titre du Service du travail obligatoire (STO), il se réfugia dans la clandestinité sous les habits d’un régisseur d’exploitation viticole, avec une fausse identité.
Dès qu’il en eut la possibilité, il endossa le treillis militaire pour combattre parmi les forces Alliées, jusqu’à la Libération.
Bien qu’empêché de peindre durant l’Occupation, il eut la certitude à cette période qu’il ne pouvait vivre que de l’art.

Précurseur de l’amitié franco-allemande

Refusé au Salon d’Automne de Paris en 1946, il exposa l’année suivante aux Salon des Surindépendants où il tissa des liens avec Francis Picabia, Jean-Michel Atlan et Hans Hartung. Ce dernier lui est demeuré très proche, et les deux hommes formeront plus tard avec Zao Wou-Ki un trio amical solide.
Malgré les rapports difficiles avec l’ancien ennemi germanique, Pierre Soulages se fit précurseur de la paix en Europe. En 1948, le docteur Ottomar Domnick, neurologue psychiatre, grand défenseur et collectionneur de l’art abstrait que le IIIème Reich cataloguait « d’art dégénéré », le fit exposer à la «Wanderausstellung französischer abstrakter Malerei» à Stuttgart, puis à travers l’Allemagne.
L’affiche de cette exposition d’art français était illustrée d’une de ses compositions au brou de noix.

Des accrochages dans les galeries prestigieuses

La reconnaissance internationale fut au bout de ce voyage, avec des accrochages dans les galeries prestigieuses d’un Paris référence mondiale des arts contemporains à cette époque, celles de Lydia Conti, rendez-vous incontournable de l’abstraction.
Pierre Soulages enchaîna ensuite avec New-York avec la galerie Betty Parsons, le Guggenheim, le MoMA, la galerie Sam Kootz. Puis ce fut Londres à la Tate Gallery, Rio de Janeiro avec le Meseu de Arte Moderna. Suivirent encore Munich, Essen, Copenhague, Houston.

Paris 1967 et 1979

En 1967, le Musée national d’art moderne de Paris lui offrit ses cimaises pour une rétrospective dans lequel le noir n’avait pas encore entièrement vampirisé sa peinture.
Il en sera différemment en 1979 au Centre Georges-Pompidou où il présente ses nouvelles créations monochromes. Dans une interview donnée au critique d’art du « Monde », il expliquait ainsi comment le noir avait pris possession de sa palette : « Je peignais et la couleur noire avait envahi la toile. Cela me paraissait sans issue, sans espoir. Depuis des heures, je peinais, je déposais une sorte de pâte noire, je la retirais, j’en ajoutais encore et je la retirais. J’étais perdu dans un marécage. (…) Cette chose nouvelle allait loin en moi pour que je continue ainsi jusqu’à l’épuisement. Je suis allé dormir.
Et quand, deux heures plus tard, je suis allé interroger ce que j’avais fait, j’ai vu un autre fonctionnement de la peinture ; elle ne reposait plus sur des accords ou des contrastes fixes de couleurs, de clair et de foncé, de noir et de couleur ou de noir et de blanc. Mais plus que ce sentiment de nouveauté, ce que j’éprouvais touchait en moi des régions secrètes et essentielles. »

Un tel talent, une telle créativité font que Pierre Soulages, bien qu’ayant quitté la société des humains, ne disparaîtra jamais, comme vivent toujours parmi nous Léonard de Vinci, Monet, Georges Braque, Van Gogh dont le génie continue d’éclairer le monde.
PIERRE MABIRE
(Avec les sources du Figaro, Le Monde, Wikipédia).

POUR RETROUVER LES ARTICLES « PIERRE SOULAGES » PARUS SUR LE SITE DE LA RENAISSANCE FRANCAISE :

https://larenaissancefrancaise.org/spip.php?recherche=soulages&page=recherche


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Les dates qui ont marqué la vie de Pierre Soulages

24 décembre 1919 – naissance à Rodez (Aveyron)

1937 – intègre l’école des Beaux-Arts de Paris

24 octobre 1942 – mariage avec Colette Llaurens

1959 – construction de sa maison-atelier à Sète (Hérault)

1979 – première exposition de «l’outrenoir», peintures monopigmentaires noires au centre Pompidou

1994 – installation des 104 vitraux créés depuis 1987 pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques

2014 – inauguration d’un musée Soulages à Rodez

27 novembre 2019 – devient le peintre français vivant le plus cher avec la vente d’une toile pour 9,6 millions d’euros à Paris

décembre 2019-mars 2020 – rétrospective au Louvre pour son 100e anniversaire

26 octobre 2022 – décès à 102 ans de Pierre Soulages à l’hôpital de Nîmes.

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