Délégations d’Argentine et d’Equateur: Appel à l’action pour un nouvel avenir en Amérique latine

Un appel à l’action pour un nouvel avenir en Amérique latine

par Joëlle Cattan et Marcelo Sili, représentants de « La Renaissance Française » en Équateur et en Argentine

Nous sommes en proie à une crise mondiale multidimensionnelle.

La situation actuelle est de plus en plus préoccupante. Il n’est plus question que de conflits armés et de crimes, de menaces et de monopoles, de changement climatique et de santé en danger.

Partout, les populations sont rongées par l’angoisse et la peur du lendemain, préoccupées par la crainte de ne plus avoir de quoi se nourrir et par le seul besoin de survivre.

Dans de nombreuses régions du monde, les droits acquis sont remis en cause et de nouvelles normes obsolètes émergent, sans que personne ne semble capable d’y mettre fin.

Pendant ce temps, des sociétés robotisées et déshumanisées continuent de vivre dans le déni.

Les communications directes sont de plus en plus délaissées au profit de conversations collectives sur des plateformes virtuelles, détruisant ce qui reste du tissu social.

Les individus sont évalués en fonction de leurs « j’aime » et de leurs abonnés.

Les jeunes abandonnent l’éducation de base pour se tourner vers la mode du paraître avec pour seul objectif d’« influencer » le monde, sans égard au contenu creux ou malsain.

Face à ces drames, à ces abus et à ces dérives, nous avons le choix entre rester apathiques, soumis aux desideratas en attendant un hypothétique changement, ou agir et impulser des initiatives de sensibilisation. Sortir de ce sombre constat requiert d’être en mesure de réfléchir librement et de mener un intense travail de dialogue, de rencontres et de respect des identités.

L’Amérique latine nous invite à entreprendre ce travail de construction d’un avenir nouveau et différent.

Notre région possède une densité historique et culturelle qui nous permet d’envisager la réalité sous des angles très divers, ainsi qu’à partir de l’idée d’espoir qui n’est pas une force magique et naïve, mais plutôt un travail de réflexion et de prise de conscience anticipée d’un monde possible, d’un monde meilleur. L’espoir se nourrit d’un travail conscient, ardu et systématique, ancré dans la réalité quotidienne, dans des événements réels et significatifs.

En Amérique latine, des faits et des expériences concrètes apparaissent et renforcent cet espoir. Des initiatives sont mises en œuvre en faveur du processus démocratique, de la paix et de la réconciliation après des périodes de violence, de guerres interethniques et de conflits frontaliers.

La paix se construit également à partir de la dignité, du renforcement des identités et de la revalorisation des racines et des cultures, rendant la parole à ceux qui étaient silencieux et invisibles. L’expérience des accords de paix en Colombie et la mobilisation de la jeunesse au Chili sont des exemples marquants de la manière dont la région peut construire de nouvelles voies vers la paix et la justice. Ces initiatives démontrent le pouvoir des processus de paix et du dialogue, le développement de politiques inclusives et de nouvelles formes de participation politique pour les

jeunes, la démocratisation des opportunités politiques pour les peuples indigènes, la gestion des problèmes des migrants et la lutte contre la corruption électorale.

Malgré une production primaire principalement axée sur l’exportation, des initiatives de développement économique et de production plus diversifiées émergent, plus respectueuses des conditions environnementales, centrées sur les petites industries, avec le développement de l’agroécologie, d’une bioéconomie à haute valeur ajoutée et de nouvelles énergies renouvelables à fort contenu scientifique et technologique. Tout ne se résume pas au soja, au palmier, au bois et aux minéraux. Un grand nombre de ces expériences contribue à dépasser la matrice de production traditionnelle et à construire d’autres filières productives capables de générer des emplois décents et durables.

De nombreux pays ont également entrepris des réformes éducatives et des politiques sociales qui ont permis un meilleur accès aux soins de santé et à l’éducation publique, réduit la pauvreté et amélioré la condition de la femme.

Toutes ces initiatives nous montrent qu’il y a des raisons de croire que les limites et les difficultés de notre continent peuvent être surmontées, ouvrant la voie à des réalités plus prometteuses.

L’espoir demeure intact.

Cependant, cela ne suffit pas. Pour que la région puisse véritablement progresser sur le plan humain, nous devons agir sur deux fronts.

Premièrement, faire le bon choix dans l’exercice de son droit de vote, compte tenu de son impact sur l’édification d’un avenir meilleur. Savoir dépasser la simple pensée économique et reconstruire des valeurs, un chemin éthique, de transparence et de reddition de comptes, en vue d’atteindre la bonne gouvernance dans un État de droit respectueux des droits humains et des libertés individuelles, loin de toute forme d’abus et de polarisation sociale, ce qui permettra de retrouver confiance en soi, de renforcer le dialogue, de recouvrer sa dignité et de pratiquer la solidarité.

Deuxièmement, nous devons nous ancrer fermement dans une tradition de paix. En Amérique latine, la paix est un objectif commun, et les frontières nous unissent plus qu’elles ne nous divisent. Ainsi, ces dernières décennies, de nombreux efforts ont été déployés pour lutter contre le terrorisme, le crime organisé et le narcotrafic. Des efforts sont également déployés pour résoudre les situations de conflits internes (insurrections, guérillas, etc.) et/ou interétatiques (différends territoriaux entre pays voisins). Sur la base de cette vocation pacifiste, alliant la sacralisation du territoire national à l’impératif de résolution des conflits territoriaux, nous pouvons affirmer que la densité et la diversité culturelles sont un facteur de paix, non de tension, et que l’Amérique latine a mis en pratique une vision porteuse d’une dynamique de paix qui pourrait être envisagée ailleurs dans le monde.

Les expériences de dépassement des défis qui surgissent partout sur notre continent, la diversité de nos cultures et de nos façons de voir et de percevoir le monde, notre profonde vocation pour la paix, notre attachement aux traditions, notre sens de la solidarité et de la justice, sont nos fondements pour construire une nouvelle ère de notre histoire.

contenus apparentés

Rapport de participation à la 20ème Convention mondiale des Roses à Fukuyama en 2025

Délégation de La Renaissance Française au Japon : conférence de Masahiko Sumida sur Léonard Foujita le 21 juin 2025 à Tokyo

Délégation de La Renaissance Française du Luxembourg: 1ère édition du Festival du Vivant