Là où le terrorisme échoue dans sa guerre contre l’épanouissement et l’essor culturel des peuples partout dans le monde, la pandémie de Covid 19 réussit actuellement à mettre entre parenthèses la diffusion artistique. Théâtres, musées et cinémas fermés. Expositions et salons d’art contemporains annulés ou reportés. Librairies au rideau tiré.
Tous les secteurs de la culture qui irradient la France au plus profond du pays sont actuellement en panne.
Malgré cela, la création n’est pas morte. Les écrivains écrivent. Les comédiens répètent leur prochain spectacle. Les sculpteurs taillent le bois et la pierre. Les peintres plasticiens sont à l’œuvre dans leurs ateliers. Les poètes courtisent leur muse. Les caméras des cinéastes sont parées pour entrer en action sous l’ordre « moteur ! ».
Les musées portes closes
A l’instar des musées parisiens et français, celui d’Orsay a dû fermer ses portes et inviter le public à le visiteur virtuellement
Le confinement sanitaire bouleverse la diffusion, sans toutefois tuer l’offre culturelle. Les grands musées comme Le Louvre, Orsay, et les musées de la Ville de Paris ont ouvert leurs sites internet qui permettent de visiter leurs collections depuis chez soi.
En revanche, pour le spectacle vivant (théâtre, opéra lyrique, ballets, cirque, etc.) comme pour le cinéma, c’est actuellement portes closes.
L’arrêt brutal des séances prive tout cet univers qui comprend aussi les propriétaires de salles, les techniciens du spectacle, les agences d’artistes, de recettes indispensables à leur activité.
La fermeture des librairies a provoqué le report de la proclamation du Prix Goncourt 2020 qui assure à son auteur et à son éditeur un record de vente et une suite de carrière prometteuse. Ce report a été décidé par les académiciens en solidarité avec les libraires indépendants.
Sauf rares exceptions, les salons d’art contemporain ont été reportés sine die
Pour les artistes plasticiens professionnels d’aujourd’hui, internet constitue le plus vaste salon ouvert au monde entier. Les plate-formes de vente d’art contemporain en ligne, qui ne représentait qu’une faible part sur le marché de l’art international, connaissent un développement soudain.
La fermeture des salons et des galeries ayant pignon sur rue draine vers Internet des collectionneurs avertis et des amateurs d’art, à l’image des sites français qui offrent en ligne les œuvres de milliers d’artistes internationaux : www.singulart.com ; www.artmajeur.com et www.artquid.com.
Le Louvre de Paris, plus grand musée du monde, n’a jamais connu une telle désaffection, sauf en temps de guerre
A tout cela s’ajoute la réduction des libertés pour se déplacer hors de son domicile. L’été 2020 fut terrible pour les activités du tourisme en France. Paris n’a vu venir aucun voyageur américain ou chinois, et peu d’européens. Rarement le musée du Louvre, numéro un mondial en son domaine, n’avait connu une telle chute des entrées, hors des années de guerre.
La crise sanitaire, qui enregistre en ce mois de novembre de nouveaux pics d’infection et de saturation des services de réanimation dans les hôpitaux laisse craindre à une mise son cloche au pays et de la diffusion culturelle jusqu’au premier semestre 2021. Mais avec l’espoir que des vaccins seront mis au point avant l’été prochain pour éteindre définitivement la virulence de la Covid19.
La Renaissance Française fait le choix des librairies indépendantes et des éditeurs
En réponse à la rapidité avec laquelle se multiplient les foyers infectieux de Coronavirus, les autorités françaises ont décidé de fermer l’accès aux lieux de culture. Le port du masque et l’emploi des gels hydro-alcooliques ne suffisant pas à cette contre-offensive. Les librairies indépendantes ont dû tirer leur rideau.
Aujourd’hui, elles sont nombreuses à avoir ouvert leur propre plate-forme de vente sur internet afin de contrer le géant américain du commerce en ligne Amazon, véritable machine à broyer le commerce de détail, toutes catégories confondues.
L’édition et la librairie ne sont cependant pas comparables au commerce classique. C’est surtout un lieu de rencontres et d’échanges culturels, un carrefour où se croisent écrivains et lecteurs.
Le livre et la librairie, carrefour où se croisent éditeurs, auteurs et lecteurs
Sans les libraires indépendants, les écrivains ne trouveraient pas de débouchés pour leurs ouvrages à faible tirage. Les auteurs régionaux disparaîtraient. Les poètes seraient contraints au silence. L’édition se limiterait à quelques grandes maisons faisant leur fortune de signatures connues et se refusant à prendre des risques sur de nouveaux talents.
Grâce aux libraires indépendants, les rayons sont ouverts à tous les éditeurs, petits et grands. Et par conséquent, à tous les auteurs. La littérature et tous les genres d’écritures y trouvent leur place et leurs publics.
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Ouvrons nos librairies : les livres délivrent !
Interviewé par Vincent Trémollet de Villers dans Le Figaro du 3 novembre sur la restriction des libertés imposée par la situation sanitaire, l’écrivain voyageur Sylvain Tesson lance un plaidoyer aussi pertinent qu’impertinent en faveur des librairies, là où se niche notre salut, autant individuel que collectif .
« Une librairie contient des milliers de grilles de lecture du monde. Dans le même espace, Saint Augustin côtoie les anarchistes russes. Les livres sont les seuls à savoir vivre ensemble.»
Avec finesse, l’auteur du prix Renaudot 2019 oppose tout simplement le pluriel au singulier :
« Oui, le livre délivre. Vous êtes enfermés? Ouvrez un livre : c’est une fenêtre. Si vous n’en ouvrez qu’un, c’est un mur. Si vous n’ânonnez que lui, c’est une arme. Lire fait douter. Les barbus de tout poil ne doutent de rien parce qu’ils ne lisent qu’un seul livre. »
« En France, constate-t-il, le livre semblait tenir une place à part. La France était fille aînée de la librairie, cette Eglise. »
Souhaitons que ces lieux, les librairies, à qui Sylvain Tesson reconnaît un caractère sacré continuent à accueillir fidèles et infidèles !
Christine Lacan
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La loi française sur le prix unique du livre étendue à la totalité du commerce des livres fait que le prix des ouvrages à l’unité reste sous la maîtrise des éditeurs.
Elle empêche la grande distribution de faire passer ces derniers sous son rouleau compresseur qui écrase bien plus les producteurs que les prix à la clientèle.
Un livre vous intéresse ? Il est certain que son éditeur le vende sur son propre site, ou à défaut sur celui du libraire proche de chez vous.
Quelques clics suffisent pour le trouver et passer commande, avec cette nouvelle disposition : les frais postaux seront pris en charge par l’Etat. L’offensive d’Amazon sur les libraires de France est ainsi bien désamorcée.