Le jeudi 18 mai 2025 à 18h15, les Archives municipales de Sarrebruck et la Délégation de la Sarre ont organisé leur deuxième conférence conjointe de l’année.
Cette fois, le thème portait sur la création et le développement du sport automobile international en Allemagne et en France, abordé dans une perspective comparative. La période étudiée couvrait les années précédant et suivant la Seconde Guerre mondiale. Le conférencier invité était Philipp Didion, doctorant et assistant de recherche à l’Institut d’histoire contemporaine européenne de l’Université de la Sarre (chaire du Prof. Dr. Dietmar Hüser).

Il a d’abord souligné que l’histoire du sport automobile restait peu explorée et que les sources disponibles étaient rares. Parmi celles qu’il a utilisées, figuraient les grands journaux sportifs allemands et français (comme Auto Motor und Sport ou L’Équipe), des articles de presse généraliste ainsi que des archives issues des constructeurs automobiles.
À la grande surprise de l’auditoire, il a rappelé que la France pouvait être considérée comme le « berceau » du sport automobile international, avec la création en 1922 de la Commission Sportive Internationale (CSI) par l’Association Internationale des Automobile Clubs Reconnus (AIACR).
Selon le conférencier, ce sport s’est distingué dès ses débuts par une double origine : industrielle d’une part, touristique d’autre part, ce qui explique sa forte dimension internationale. Il a ainsi mis en lumière les dimensions industrielle, politique et élitiste du sport automobile, qui contribuait également à nourrir le prestige national.
Durant l’entre-deux-guerres, les relations franco-allemandes dans ce domaine furent marquées à la fois par la coopération et la concurrence. Après 1945, la France s’est employée à relancer le sport automobile (notamment à travers le plan Pons). Dans ce contexte, le conférencier a souligné que la France avait adopté une attitude favorable à la reconstruction du sport automobile ouest-allemand.
Cependant, les succès des pilotes allemands lors de courses organisées en France furent accueillis avec une certaine réserve. Les victoires de l’écurie Mercedes, en particulier, ont suscité un mécontentement notable chez les passionnés français et britanniques. Pourquoi ? Parce que la Seconde Guerre mondiale restait encore très présente dans les mémoires, et Mercedes demeurait associée au régime nazi. (La marque Porsche, quant à elle, apparaissait comme relativement moins compromise.)
Dans cette perspective, la catastrophe des 24 Heures du Mans en juin 1955 a constitué un moment d’épreuve pour les relations franco-allemandes dans le sport automobile.
Enfin, le conférencier a présenté plusieurs figures marquantes du sport automobile allemand et français, avant et après la guerre, en mettant en lumière une collaboration sans heurts, portée par une passion commune. C’est notamment le cas d’Alfred Neubauer et de Charles Faroux.
