Akira MIZUBAYASHI a reçu en 2018 la médaille d’or de La Renaissance Française pour l’ensemble de son œuvre. Il a également fait partie des meilleurs auteurs « dont la langue maternelle n’est pas le français » et, à ce titre, été sélectionné pour notre prix littéraire.
Cet auteur japonais s’exprime, en effet, à l’écrit comme à l’oral, dans un français remarquable de clarté et de sensibilité. Son dernier ouvrage, paru cette année chez Gallimard « Âme brisée » en est le plus bel exemple.
Le dimanche 6 novembre 1938, quatre musiciens amateurs passionnés de musique classique sont réunis au Centre culturel de Tokyo pour une ultime répétition. Le quatuor est composé d’un japonais, Yu, violoniste, et de trois étudiants chinois restés au Japon malgré la guerre dans laquelle la politique expansionniste de l’Empire a plongé l’Asie.
La répétition est brutalement interrompue par des militaires agressifs qui soupçonnent les musiciens d’être des espions… Le violon de Yu est brisé, piétiné par un des militaires. Le fils de Yu, âgé de onze ans et terrorisé, assiste à la scène, caché dans une armoire. Il ne reverra plus jamais son père.
Le lieutenant Kurokami qui le découvre dans sa cachette, lui confie le violon brisé. Dès lors, la vie de l’enfant est évidemment bouleversée. Elle sera consacrée totalement au souvenir douloureux du père. Le destin de l’instrument devient l’enjeu majeur du roman. Mizubayashi nous transporte de Crémone en Italie à Mirecourt, en France, deux cités que les maîtres luthiers ont rendues célèbres. Le violon connaîtra au bout de ce périple et d’une belle histoire d’amour, une merveilleuse résurrection.
A travers ce récit, Mizubayashi exprime son amour de la littérature et de la musique, deux formes d’art intimement liées qui sont, selon lui, des fondements essentiels de la vie. Il tient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement, avec la délicatesse de style qui caractérise cet auteur épris de la langue française.
« Âme brisée » de MIZUBAYASHI (Editions Gallimard) : à lire absolument.