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Villers-Cotterêts (Aisne) : la ville d’Alexandre Dumas devenue « Cité internationale de la langue française »

par La Renaissance Française

Joyau de la Renaissance, l’une des rares demeures royales de Picardie, le château de François Ier à Villers-Cotterêts (Aisne) a connu plusieurs vies : devenu bien national à la Révolution, il est transformé en dépôt de mendicité par Napoléon, à la fois prison et hospice.

Converti en maison de retraite en 1889, il subit plusieurs dégradations et tombe petit à petit en désuétude, jusqu’à être laissé totalement à l’abandon en 2014. Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, Président de la République, le château a repris vie, devenant une Cité internationale de la langue française, au cœur d’un territoire emblématique de l’histoire littéraire de notre pays. Son ouverture officielle a eu lieu le 1er novembre 2023.

Ville de naissance d’Alexandre Dumas, Villers-Cotterêts est, en effet, située à 10km de la Ferté-Milon, ville de Racine, à 40 km de Château-Thierry, ville de La Fontaine, à 35 km de Villeneuve-sur-Fère, ville de Paul et Camille Claudel ou encore à 40 km d’Ermenonville où plane encore l’âme de Jean-Jacques Rousseau.

Premier lieu culturel entièrement dédié à la langue française, il permet de partager et de faire vivre sa richesse, sa diversité, sa vitalité, en étroite collaboration avec de nombreux partenaires locaux, régionaux, nationaux et internationaux, dont l’Organisation internationale de la Francophonie, avec qui une convention de partenariat a été signée dès 2021.

Un parcours de visite permanent donnera à voir l’aventure du français, sa diffusion dans le monde, son évolution au contact des autres langues, son lien à la construction politique de la nation, son rapport aux langues régionales, sa constante réinvention.

Tout au long de l’année, la Cité internationale de la langue française accueillera des expositions temporaires, des spectacles, concerts ou débats dans son auditorium, divers événements sous la verrière et son « ciel lexical », mais aussi des sessions de formation, des ateliers, des activités pédagogiques, des résidences d’artistes ou de chercheurs, ou encore des entreprises spécialisées dans les technologies de la langue. Il est également possible de se rendre au château pour faire une pause gourmande au café, découvrir les nouveautés littéraires à la librairie, ou simplement le traverser pour une promenade dans le parc et la forêt de Retz, labellisée « forêt d’exception ».

Les espaces extérieurs sont en effet en accès libre, et permettent une continuité entre la ville, le château, le parc et la forêt. D’autres bâtiments autour de la cour des Offices seront aménagés progressivement afin d’accueillir un hôtel, un restaurant et des activités de loisirs, pour lesquels des investisseurs et partenaires privés sont actuellement recherchés.

Comme la langue française, la Cité continuera à évoluer, et compléter, enrichir, adapter ses propositions et ses activités au contact de ses publics.

Liré également ici : Bienvenue à la Cité internationale de la langue française (cite-langue-francaise.fr)

 

Culture

La plaidoirie de René Le Bars pour la sauvegarde de la langue française

 

Le 19 octobre 2023, la Cité Internationale de la langue française s’est installée dans les murs rénovés du château de Villers-Cotterêts (Aisne). Sans préjuger de l’intérêt de cette institution qui se veut le « laboratoire de la francophonie » et dans laquelle nous voulons placer beaucoup d’espoirs, c’est l’occasion de rappeler l’importance historique de l’ordonnance éponyme (de Villers-Cotterêts) qui consacre définitivement le français comme langue unique de la France et stipule que les déclarations officielles et écrits administratifs ne se feront qu’en langue française.

La reconnaissance du langage en tant qu’élément essentiel de la cohésion sociale, s’imposait alors utilement pour conforter l’unité nationale. Les effets de cette ordonnance de 1539 – qu’on nomme souvent Traité de Villers-Cotterêts – se sont avérés particulièrement efficaces et durables, jusqu’à la période récente où la langue française se trouve malmenée et même sérieusement mise en danger. En 1994, la loi Toubon qui vise à protéger le patrimoine linguistique, est plus qu’une alerte. Il s’agit, en effet de combattre l’invasion des termes étrangers, surtout anglais, dans la communication de tous les jours. Un éminent linguiste, le professeur Etiemble, est amené à dénoncer ce qu’il appelle le franglais, dans une mise en garde prémonitoire quant à l’avenir de notre langue.

La situation actuelle mérite, hélas, encore plus d’attention de la part des linguistes et défenseurs du bon usage de la langue car les anglicismes et leurs avatars ont bel et bien envahi la communication dans tous les domaines de la vie quotidienne, commerciaux et même scientifiques et administratifs, accompagnant en cela l’inévitable mouvement de mondialisation qui implique des échanges accrus, simples et rapides, accessibles au plus grand nombre. Et l’anglais répond particulièrement bien à la demande en fournissant des slogans appropriés qui peuvent séduire la nouvelle génération.

Ainsi, on peut naviguer dans le cloud ou aller au Family village pour acheter le bon milk from chez nous et se faire un little plaisir et une crazy journée. Pour bon nombre de grandes marques commerciales, il est, semble-t-il, indispensable de se faire valoir avec un sous-titre en anglais. Les services publics et l’administration eux-mêmes, n’ont plus peur des anglicismes et affichent certains messages dans ce jargon franco-anglais ; La nouvelle carte d’identité elle aussi est bilingue.

La dégradation de la langue française ne peut que s’accélérer devant l’impuissance des autorités de régulation comme l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) et l’inefficacité des réprimandes de l’Académie. Le pire est de voir la langue défigurée par ces formules bâtardes, ni vraiment anglaises ni vraiment françaises, qui martyrisent autant le sens que la syntaxe et induisent dans les esprits une ambigüité linguistique perverse. Dans ces conditions en effet, comment faire de l’apprentissage du français à l’école un enjeu national ?

En guise de consolation, rêvons que la poésie puisse rester le sanctuaire du beau langage et continuer à proposer aux écoliers et aux lecteurs un modèle attrayant et intouchable. Oublions que l’intelligence artificielle s’est déjà mise en mesure de produire des poèmes.

René LE BARS

Président de la Commission du Prix littéraire de La Renaissance Française

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