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Alla BASSINE-DUSMENIL – Fondateur et chef des auxiliaires féminines au sein des Forces aériennes françaises libres du général de Gaulle

par La Renaissance Française

Au mois de mars, nous fêterons les 111 ans de la naissance d’Alla Bassine-Dumesnil, une étonnante dame russe dont le souvenir s’est complètement effacé aujourd’hui. C’est pourtant elle qui a fondé et commandé les auxiliaires féminines au sein des Forces aériennes françaises libres (FAFL) du général de Gaulle.

Alla Bassine-Dumesnil, en devenant commandant de l’Armée de l’air, fut la seule femme à recevoir un grade militaire si élevé au sein des Forces françaises libres (FFL), et à recevoir une si grande quantité de récompenses. Sous ses ordres combattit Joséphine Baker, danseuse, chanteuse et actrice française d’origine afro-américaine. La participation de la célèbre artiste à la Résistance a permis, malgré de fausses légendes, uniquement de mener à bien le projet porté par Alla Dumesnil : créer une unité féminine de pilotes de chasse au sein de l’aviation française, comme les soviétiques l’avaient fait. Grâce au soutien apporté par Joséphine Baker et à la promotion faite au projet, plusieurs unités ont pu ainsi être créées, au sein desquelles 13 femmes pilotes ont été formées.


En 1946, Alla Dumesnil adressa une lettre au ministère de l’Air afin de demander l’attribution de la Légion d’honneur à Joséphine Baker, sans succès. Malgré la réponse négative fournie par le ministère, Alla Dumesnil décida de se battre pour que Joséphine Baker reçoive cette récompense, qu’elle finit par recevoir bien plus tard. Joséphine Baker reçut également diverses récompenses militaires ainsi qu’une renommée internationale en tant que combattante au sein de la Résistance et, en 2020, ses cendres furent transférées au Panthéon.


Alla est née le 15 mars 1913 à Saint Pétersbourg. Son père, Nikolaï Bassine, est mort pendant la Première guerre mondiale. Sa mère, Vera Fermor, qui ensuite émigra en France, y épousa l’amiral Charles Dumesnil qui fut, en 1920, représentant délégué du commandement de la Marine française au sein de la flotte de l’Empire russe.
Charles Dumesnil était un illustre personnage. Il existe trois rues qui portent son nom en France : à Toulon, Bondy, et la Ferté-Macé. En 1918, dans les Balkans, il fut l’un des principaux artisans de l’évacuation de l’armée française et des soldats du Corps expéditionnaire russe en France. En 1920, il fit partie du commandement de la flotte française dans la mer Noire et dirigea l’évacuation des gardes blancs de Sébastopol. On raconte qu’il aurait menacé le commandement de l’Armée Rouge de bombarder Sébastopol s’ils tentaient d’attaquer les évacués. Vera Fermor, alors installée en France, dirigea à Paris l’Union des invalides de guerre russes. Ainsi, avec le concours de l’amiral Dumesnil, qui, en 1924, est devenu commandant en chef de l’escadre de Méditerranée, elle apportait son aide aux exilés russes.


Alla Dumesnil fut adoptée par l’amiral et on l’appelait même Alla Carlovna (fille de Charles) lorsqu’elle participait aux évènements russes. En premier mariage, elle épousa l’écrivain Paul Haurigot. La cérémonie eut lieu à l’église de l’Union des combattants russes de Gallipoli à Paris. Alla Dumesnil s’exerça au pilotage et reçut le diplôme de pilote d’avion. En 1939, elle épousa, en secondes noces, l’industriel Roger Dupont avec lequel elle partit vivre en Afrique.
Pendant la guerre, Alla Dumesnil créa et commanda les auxiliaires féminines des Forces aériennes françaises libres (FAFL) du général de Gaulle. Ces unités étaient aussi appelées « les Filles de l’air ».


À la suite de l’occupation de la France par les allemands, et malgré l’opposition de son mari, Alla décida de partir à Londres, où, en novembre 1941, elle entra dans l’armée du général de Gaulle en tant que caporal. Puis elle rejoint les rangs du général Ernest Petit, qui, plus tard, dirigea la mission militaire de la France libre en URSS.
Au début de l’année 1941, Alla Dumesnil dirigea l’unité des auxiliaires féminines de l’armée de l’Air. Le 8 mars 1941, journée mondiale de la femme, la caserne où logeait le personnel féminin fut bombardée par les Allemands. Lors de l’attaque, le comportement d’Alla suscita l’admiration de son commandement et elle reçut alors sa première récompense militaire : la Croix de guerre.


En septembre 1941 lui fut attribué le grade d’adjudant-chef. Un an pile plus tard, elle devint sous-lieutenant. Dans son formulaire d’officier, il est écrit qu’elle parle russe, italien, anglais et swahili. Elle possède également un diplôme de parachutiste.

Au début de l’année 1943, Alla devint lieutenant et fut affectée au commandement des unités féminines en Algérie, où les alliés étaient en train d’organiser l’Armée française de la Libération. C’est ici, chez le chef d’état-major général de l’Armée de l’air, le général René Bouscat, qui avait servi sous les ordres de son père adoptif en Russie en 1919-1920, qu’elle rencontre Pierre Pouyade, commandant du régiment Normandie-Niémen, arrivé d’URSS pour des questions de ravitaillement.
Grâce à lui, Alla apprit l’histoire des unités de pilotes de chasse féminines en Russie et proposa au général Bouscat de mettre en place un projet similaire : la création d’unités de chasse féminines.
Non sans mal, le projet fut approuvé en 1943, et Alla fut enfin autorisée à organiser la formation de femmes-pilotes de chasse. Au cours de cette même période, Alla reçut alors le grade de commandant, et ce directement, sans passer par le grade de capitaine. Commandant est le grade le plus élevé reçu par une femme au sein de l’armée française au cours de la Seconde guerre mondiale.


Alla Dumesnil fut démobilisée en février 1946. Elle fut décorée de huit récompenses militaires parmi lesquelles la Légion d’honneur, la Croix de guerre avec une palme en vermeil, la médaille de la Résistance, ou encore la médaille de la mémoire de guerre 1939-1945.


Pendant quelques temps, Alla Dumesnil cultiva des terres au Kenya. Puis devint représentante de l’agence France-Presse à Gibraltar.


Elle s’est éteinte en 1999 et est aujourd’hui enterrée au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois auprès de sa mère et de sa fille unique.


« Nous avions prévu d’installer uniquement une plaque commémorative en l’honneur des 110 ans d’Alla Bassine-Dumesnil, mais lorsque nous avons trouvé sa tombe à moitié en ruine, nous avons décidé de la restaurer dans son entièreté. Des arbustes avaient envahi la pierre tombale, les écriteaux n’étaient plus visibles, la croix en bois était sur le point de tomber. Nous avons eu beaucoup de mal à obtenir les autorisations nécessaires. Mais nous sommes parvenus à restaurer complètement la tombe et une cérémonie d’inauguration se tiendra le 22 mars. »
Sergueï DYBOV, président de l’association Mémoire russe, Boulogne-sur-Mer

Sources:
– L’аssociation MÉMOIRE RUSSE
memoirerusse@gmail.com
Tél. : +33 6 59 00 04 10
– Revue franco-russe Perspective, N 2 (205), février 2024: https://www.jfrp.fr/

Photos:
– Alla Dumesnil et Joséphine Baker
– Portrait d’Alla Bassine-Dumesnil par José Benítez Sánchez
– Sépulture d’Alla Bassine-Dumesnil au cimetière russe de Saint-Geneviève -des – Bois après la restauration

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