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ARGENTINE : PIGÜÉ, un village français en pleine pampa par Gabriela BENITO Présidente de la Délégation d’Argentine

par Gabriela BENITO

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Dans les années 1880 les Aveyronnais poussés par la surpopulation, l’exiguïté des exploitations agricoles et l’arrivée du phylloxéra dans les vignobles des vallées, envisagent pour certains d’émigrer.

Clément CABANETTES, originaire d’AMBEC près de SAINT-CÔME D’OLT, après de multiples péripéties, parcourt les vastes plaines pampéennes, territoires récemment conquis sur les Indiens. En traversant la Pampa, à bord d’une voiture à cheval, Clément CABANETTES découvre un territoire qui ne lui semble pas inconnu « on dirait l’AUBRAC au mois de juillet ». Une idée lui vient : en Aveyron sur quelques arpents de terre vivent des familles nombreuses alors qu’ici la surface lui semble sans limite.

Le hasard lui permet de rencontrer un compatriote François ISSALY. Clément Cabanettes a déjà réservé auprès d’Edouard CASEY, un Irlandais ayant obtenu une importante concession, des terres afin de les rétrocéder à de futurs émigrants aveyronnais dans le seul but d’apporter bien être et fortune à ses semblables. Clément CABANETTES et François ISSALY obtiennent avec difficulté l’adhésion à leur projet de plusieurs Aveyronnais, en tout, 40 familles, représentant avec femmes et enfants environ 160 personnes.

C’est un véritable village qui s’éloigne en train de RODEZ, agriculteurs bien entendu, mais aussi institutrice, curé, charron, forgeron, commerçants, domestiques…

Ils prendront à BORDEAUX le vapeur « BELGRANO »… emportant parfois de leur désormais lointaine terre natale, quelques meubles en pièces détachées…

Après un long et fatigant voyage, ils touchent finalement le port de BUENOS AIRES, puis, ils prennent le train jusqu’à la gare de PIGÜÉ, seul bâtiment de la future ville, où ils arriveront le 4 décembre 1884.

C’est ainsi que fut fondée la ville de Pigüé, dont le nom signifie, en langue aborigène, « Lieu de Rencontre ».

QU’EN EST-IL DE PIGÜÉ AUJOURD’HUI ?

Aujourd’hui Pigüé, petite ville charmante aux allures françaises, compte pas moins de 17.000 habitants. Avec un profil agricole, commercial et plus récemment, touristique, elle a gardé l’empreinte de cette immigration française avec 30 à 40 % de la population aux origines languedociennes.

– De nombreuses rues et coins de la ville ont gardé des noms de la région de l’Aveyron comme la rue « Ciudad de Rodez » ou le Parc Municipal « Saint Côme ». De même, certains habitants de Pigüé continuent de parler et de comprendre l’occitan (patois), la langue de ses fondateurs.

– Chaque année, le 4 Décembre lors l’anniversaire de sa fondation, on offre une OMELETTE GÉANTE * dans le parc municipal.

– La Langue Française est toujours enseignée dans toutes les écoles primaires publiques et privées de la ville depuis 2007, dans le but de transmettre aux jeunes générations l’héritage de leurs ancêtres et aussi, par des projets de correspondance scolaire, de se joindre au vaste monde de la Francophonie.

– Le mois de JUILLET, c’est le MOIS DE LA France, partout dans les écoles on célèbre la Fête Nationale Française avec des chansons, cinéma, musique, arts plastiques..

– En outre, on encourage les échanges de jeunes et professionnels entre l’Aveyron et Pigüé en favorisant des voyages et des stages pour des étudiants ou des lycéens dans divers domaines d’étude.

– Des évènements culturels sont régulièrement organisés dans le but de diffuser la culture et la langue françaises sur des thèmes aussi variés que possible, comme pour n’en citer que quelques-uns la littérature, la bande dessinée, les Beaux- Arts, la musique, le théâtre, l’histoire, la géographie, l’économie, la gastronomie etc

– Des touristes, des visiteurs, arrivent régulièrement à cette ville, parcourent ses rues pavées, suivent des itinéraires touristiques, dégustent sa gastronomie et découvrent les magnifiques paysages naturels de la pampa et des sierras.

– Au fil des ans la colonie fut enrichie par l’arrivée de colons de toute l’Europe, notamment des espagnols, des italiens, des ruses, des allemands…pour en faire aujourd´hui une ville pleine de mélanges et riche en cultures. Depuis 3 ans, en septembre, on célèbre cette diversité, dans « LA RENCONTRE DES IMMIGRANTS», organisée par toutes les collectivités.

– Enfin, tous les ans depuis 2010, au mois d’octobre, avec « LA FÊTE DE L’ALIGOT » on rend hommage à la diaspora aveyronnaise….dela la mar…

Références
• Association Rouergue-Pigüé. http://www.rouergue-pigue.com/
• http://www.aurelle-verlac.com/pigue/cabanett.htm
• Amicale d’Échanges Pigüé https://es-la.facebook.com/amicale.pigue
• Confrérie de l’Omelette Géante http://www.omeletteargentina.com.ar/
• Delà la mar, de Sergi Gayral, (en occitan et en français), en livre de poche.
• http://occitanica.eu/omeka/items/show/14864
• Projet de coopération entre la municipalité de Saavedra-Pigüé et le département de l’Aveyron
http://efran.mrecic.gov.ar/fr/content/projet-de-coop%C3%A9ration-entre-la-municipalit%C3%A9-de-saavedra-pig%C3%BC%C3%A9-et-le-d%C3%A9partement-de-laveyron
• Aveyron-Pigüé, Les descendants, de Catherine SAMSON et Valentin BECOUZE – Edition de la Flandonnière, Format 23 x 21 cm à l’italienne, broché 144 pages largement illustrées
• De l’Aveyron à l’Argentine, itinéraire d’un pionnier, adaptation d’un manuscrit écrit en 1924, par François Issaly, qui collabora avec Clément Cabanettes à la fondation de Pigüé. Rédaction Nadine Costes, Archives Départementales de l’Aveyron, 2014
• Numa Ayrinhac de la France à la Pampa de Maria Laura Litre Valentin. Editions Dunken, édition bilingue, 2009.

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