Le président international Denis Fadda lors de la remise de la médaille d’or de La Renaissance Française à Ibrahim Tabet, président de la délégation de notre institution au Liban
Le 20 janvier 2022, le professeur Denis Fadda, président international de La Renaissance Française était à Beyrouth afin de rencontrer les membres de la délégation de notre institution au Liban et faire un large tour d’horizon sur les difficultés du pays et de sa population.
Il s’agissait pour lui de mesurer sur place l’ampleur d’une réalité qui dépasse l’imagination tant le pays et ses habitants souffrent une nouvelle fois depuis le drame d’août 2020 qui coûta de nombreuses vies, détruisit un quart de la capitale libanaise, et se prolonge aujourd’hui avec une économie ruinée qui plonge les familles dans les privations.
Au cours de sa mission au Liban, le professeur Denis Fadda a remis la médaille d’or de La Renaissance Française à Ibrahim Tabet, président de la délégation.
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DISCOURS DE REMISE DE LA MEDAILLE D’OR
DE LA RENAISSANCE FRANCAISE A IBRAHIM TABET
par le professeur Denis Fadda, président international
Monsieur le Président, cher Ibrahim Tabet,
Le 15 novembre 2020, La Renaissance Française vous a accordé la plus haute de ses distinctions – assez rarement attribuée – la Médaille d’or de La Renaissance Française. Cette distinction, j’aurais pu, sans doute vous la remettre à Paris puisque vous participez le plus souvent possible aux activités du siège de notre institution. Mais je tenais à vous la remettre au Liban ; malheureusement, les circonstances ne m’ont pas permis de le faire avant ce jour.
Oui, au Liban, parce que c’est ici que vous exercez vos responsabilités mais surtout parce que votre pays et les Libanais valent bien que l’on se déplace pour eux.
Le Liban est meurtri, le Liban souffre ; en quelque cinq décennies il a vécu le pire de ce qu’un pays peut vivre. Comme l’écrit Alexandre Najjar, « toujours convoité, il ne connaît pas vraiment de répit ».
Après quinze années de guerre et une occupation de 30 ans, il a connu, à partir de 2011, les conséquences de la guerre en Syrie dont la venue de quelque 1500.000 réfugiés. Ont suivi une terrible crise économique, une crise monétaire, une crise politique et institutionnelle, une crise sanitaire, puis les épouvantables explosions du 4 août 2020 qui l’ont mis dans une situation extrêmement périlleuse. Pourtant, malgré tout, il tient debout, et ceci grâce à des hommes comme vous, des hommes de droiture, de courage, des hommes qui ne transigent pas, qui ne renoncent pas. Des combattants ! Ne devrais-je pas mentionner qu’en toute logique vous êtes membre du conseil du chapitre Liban de l’ONG Transparence internationale
J’ai dit « des combattants ». Vous en êtes un !
Dans votre tout dernier ouvrage, sur le point de paraître aux Editions de La Renaissance Française, comme un médecin, et aussi comme un chirurgien, « vous vous penchez sur le Liban malade » et, mieux que quiconque, vous disséquez et isolez les multiples causes de sa maladie. Dans cet ouvrage, « écrit au scalpel », vous mettez en pièces l’histoire actuelle du pays. Nul autre que vous ne pouvait dégager aussi méthodiquement tous les éléments qui empêchent le Liban de guérir de ses maux. Le constat est là, sans concession, sans faux semblant. Il ramène chacune des composantes de la vie libanaise à ses propres responsabilités.
En permanence, vous combattez par la plume et par votre voix. Dans la presse, dans vos ouvrages, vous vous exprimez sans ambages. Avec netteté, précision, vous faites connaître ce que vous pensez sur la situation libanaise. Vous l’aviez fait déjà, notamment, dans votre ouvrage, « Le crépuscule d’un monde et le naufrage du Liban ».
Vous êtes aussi un combattant infatigable de la francophonie et je peux citer, notamment, votre remarquable ouvrage « La France au Liban et au Proche-Orient : du XIième au XXIème siècle » qui vous a valu en 2013 le Prix « La Renaissance Française » décerné chaque année dans le cadre de l’Académie des sciences d’Outre-mer. C’est d’ailleurs à cette occasion que nous nous sommes connus.
Si vous êtes diplômé d’HEC, la fameuse Ecole des Hautes Etudes Commerciales où enseigne d’ailleurs actuellement un autre grand libanais, Joseph Maïla, et avez fait une bonne partie de votre carrière dans le secteur de la communication publicitaire et des médias, vous avez aussi fait des études d’histoire et êtes un bel historien qui n’hésite pas à affronter d’énormes sujets tels qu’une « Histoire de la Turquie de l’Altaï à l’Europe », « Une brève histoire de Dieu » ou « Le monothéisme, le Pouvoir et la guerre », ouvrage qui vous a valu, en 2015, le Prix France-Liban de l’ADELF, l’Association des écrivains de langue française.
Ainsi, vous êtes, à la fois, un journaliste très apprécié qui écrit souvent des analyses politiques et des articles historiques, notamment dans L’Orient-Le jour, et un écrivain reconnu qui fait honneur au Liban, grand pays d’hommes de lettres.
Dans le cadre de La Renaissance Française, vous présidez avec brio et persévérance, en dépit de toutes les difficultés, notre délégation libanaise et vous le faites avec tant de foi que vous avez été élu en 2018, à l’unanimité, membre du conseil d’administration internationale de notre organisation.
Je vais maintenant vous remettre la Médaille d’or qui vous a été décernée en reconnaissance des mérites de l’écrivain que vous êtes et de l’action inlassable que vous menez au service de la francophonie, non sans avoir auparavant rappelé que l’Etat français vous a déjà reconnu en vous faisant chevalier dans l’Ordre national du Mérite.
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Les remerciements du président Ibrahim Tabet
Après avoir reçu la plus haute des distinctions de La Renaissance Française, le président Ibrahim Tabet a adressé ses remerciements au président international, le professeur Denis Fadda
Monsieur le Président et cher ami,
Je suis reconnaissant et vous remercie de cette médaille dont La Renaissance Française a bien voulu m’honorer.
Cette distinction est la deuxième que me décerne notre association, après le prix littéraire qu’a reçu mon livre « La France au Liban et au Proche-Orient », publié en 2012 aux éditions de la Revue phénicienne. Je remercie aussi les membres de la délégation du Liban de La Renaissance Française qui ont bravé la pandémie de Covid19 pour me faire le plaisir d’assister à cette cérémonie,
Votre présence atteste de notre adhésion commune à la mission de La Renaissance Française et de notre attachement à la francophonie et à ses valeurs. Je salue également la présence qui m’honore de Mme Christiane Sarkis, présidente de la section Liban de l’association des membres de l’Ordre National du Mérite. Et je te remercie, chère Christiane, de la collaboration de l’Association des membres de l’Ordre National du Mérite à l’organisation du colloque sur l’initiative française au Liban. Permettez-moi enfin de remercier mon fils Nadim qui vit entre l’Italie et le Liban, ma nièce Sibylle et mon neveu Cyrille d’être venus partager aujourd’hui ma joie.
J’ai deux amours mon pays et Paris, chantait Joséphine Baker qui vient d’entrer au Panthéon. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai deux amours et deux patries : le Liban et la France ou j’ai poursuivi mes études secondaires et universitaires et ai vécu en tout dix-huit ans au cours de plusieurs séjours. Notamment durant la guerre du Liban et surtout entre 1959 et 1970, à la grande époque où le général de Gaulle présidait aux destinées du pays.
Cette époque qui m’a laisse un souvenir impérissable a conforté ma passion pour l’Histoire et mon amour pour la langue française dont je peux dire qu’elle est ma langue natale puisque nous parlions français à la maison durant mon enfance.
Revenu au Liban en 1970, mon attachement a la francophonie m’a amené à rejoindre deux organisations professionnelles : le Forum francophone des affaires et l’Association des publicitaire francophones qui groupait des professionnels de la communication français, belges, suisses, Québécois, africains et libanais et dont j’ai présidé le chapitre Liban.
Face à la prolifération des publicités en anglais, même dans la presse libanaise d’expression française, nous avions, mon ami Farid Chehab et moi-même, lancé une campagne dotée d’un prix, afin d’encourager l’utilisation du français en publicité. Et j’étais à l’époque un fervent disciple de mon ancien associé Jacques Séguéla, pourfendeur de l’hégémonie culturelle américaine, qu’il qualifiait de « cocacolonisation culturelle ».
Devenu membre de la Renaissance Française en 2012, j’ai ensuite fait partie de l’association libanaise des amis de la Fondation Charles de Gaulle,
qui avait projeté de créer un Institut Charles de Gaulle au sein du campus de l’ESA avant que la crise économique ne compromette ce projet.
Alors qu’on commémore le cinquantenaire de la disparition du General de Gaulle l’époque des trente glorieuses n’est plus qu’un lointain souvenir et la France traverse une crise morale et un questionnement identitaire qui alimente le discours décliniste d’un Eric Zemmour ou d’un Michel Onfray.
D’ou l’importance que revêt la défense des valeurs prônées par notre association qui a un rôle à jouer pour contribuer a une nouvelle Renaissance Française.
Si la France a besoin d’une Renaissance que dire du Liban qui connaît sans doute la crise existentielle la plus grave de son histoire. Et dont l’identité est menacée par un projet politique et de société à l’antipode de sa vocation historique. Ce qui justifie notre combat pour défendre la francophonie, qui est une composante intégrante de l’identité culturelle libanaise.
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A LIRE : l’Interview du président international de La Renaissance Française, le professeur Denis Fadda, publié par le quotidien francophone « L’Orient – Le Jour ».
https://www.lorientlejour.com/article/1288795/-pour-moi-libanais-et-francais-constituent-une-meme-famille-.html