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Prix littéraire 2022 de La Renaissance Française : onze titres en première sélection

par La Renaissance Française

Le prix littéraire de La Renaissance Française est attribué chaque année à un ouvrage en français d’un auteur dont la langue française n’est pas la langue maternelle.
La commission des prix de notre institution vient de faire connaître sa première sélection; elle compte les onze ouvrages suivants :

– Dimitri BORTNIKOV : « L’agneau des neiges » (Ed. Rivages)
Au nord de la Russie, au bord de la mer Blanche, Maria, une jeune infirme, née au lendemain de la Révolution, apprend à survivre. Au fil des années, ballotée de région en région, elle s’illustre par son courage. Après la perte de ses êtres chers, elle se retrouve à Leningrad dont elle affronte le blocus par les forces nazies avec abnégation. En charge de douze orphelins, elle mettra tout en œuvre pour les protéger jusqu’à se sacrifier pour les sauver de la famine et de la mort.
Dimitri Bortnikov nous livre ici un roman magistral aux allures de conte, où la trace de l’intime rejoint celle de la grande Histoire.
Né en Russie, Dimitri Bortnikov écrit aujourd’hui directement en langue française. Tous ses ouvrages ont été unanimement salués par la critique et couronnés de prix littéraires en Russie comme en France.

– Ryoko SEKIGUCCHI : « 961 heures à Beyrouth, et 321 plats qui les accompagnent » (Ed. P.O.L.)
« Les livres sur Beyrouth ne traitent que de la guerre. Comme si cette ville n’avait d’autre thème à offrir que celui du drame. Dans ce cas, parler de la nourriture beyrouthine en littérature serait une transgression ? »
Pendant les 961 heures que Ryoko Sekiguchi a passées à Beyrouth, soit près d’un mois et demi, elle a dégusté 321 plats. Ce qui devait initialement être un livre de cuisine dresse aussi le portrait d’une ville, dont la riche culture se nourrit des personnes qui y vivent. Grâce aux histoires que les Beyrouthins lui ont racontées, l’auteure « fait revenir » – comme des oignons dans une poêle – un passé heureux qu’elle tente de préserver de l’oubli.

– Derek MUNN : « La main gauche » (Ed. L’ire des marges)
Inspiré du film « La Nuit du chasseur », La Main gauche imagine, deux générations plus tard, les échos de cette histoire dramatique et le poids d’un étrange héritage dans la vie de Shelley, artiste plasticienne.
D’origine américaine, Shelley a fait sa vie en France et la partage avec Stéphane, sa compagne. Alors qu’elle apprend qu’elle est retenue pour une résidence de création sur le thème des barricades, Shelley est obligée de retourner quelques jours aux États-Unis pour régler une mystérieuse histoire d’héritage. Un voyage qu’elle fait à contrecœur vers un passé qu’elle a fui, une langue, une culture qui lui sont devenues depuis longtemps étrangères, et vers un frère très croyant, Billy, qui est tout ce qu’il lui reste de famille, mais avec qui elle ne sait plus communiquer.

– Dov LYNCH : « Léawald » Ed. du sous-sol-Le seuil)
A la première page, Léa repêche le corps d’un vieil homme qui vient de se noyer dans une piscine parisienne où elle a ses habitudes. A la fin, seule, elle pousse péniblement un cercueil en zinc dans une allée du cimetière de Montmartre. Léa est une sorte de moderne Antigone, héroïne d’un roman dystopique qui se développe en courtes scènes minimalistes, empruntant quelque chose de l’esthétique funèbre d’un Enki Bilal.
D’ailleurs, Léa s’appelle en réalité Lejla, elle est d’origine bosniaque, sa mère a quitté Sarajevo enceinte d’elle au début du siège. Et, précisément, dans ce futur qu’on devine assez proche, Paris est en état de guerre, coupée en deux ; des forces insurgées occupent la rive droite, le gouvernement tient la rive gauche, une mission internationale déployée le long de la Seine. Chaos, ruines, snipers.
Léa, conductrice pour la mission internationale, accepte un contrat risqué : se rendre dans une fourgonnette sur la rive droite pour aller restituer un cercueil contenant la dépouille d’une figure de l’opposition dont on ne lui a pas précisé l’identité. En échange, elle pourra ensuite quitter Paris. Mais rien ne se passe comme prévu. D’abord, il y a cette gamine de treize ans qu’elle recueille à moitié contre son gré, déterminée à passer de l’autre côté où sont ses parents.

– Serena GIULIANO : « Sara perché ti amo » (Ed. Robert Laffont)

Juillet 2021. Deux couples d’amis se retrouvent à Procida, dans le sud de l’Italie. Alba, Valentin et leur bébé semblent former une famille heureuse. Mais, en plein post-partum, minée par ses nuits trop courtes, Alba ne sait plus bien qui elle est, ni ce qu’elle désire. D’autant que son ex choisit ce moment pour réapparaître sur l’île…
Gabrielle et Nino passent leurs premières vacances ensemble. Gabrielle croit avoir enfin trouvé le prince charmant : italien, charismatique, même si un brin autoritaire, Nino est celui qui devrait lui apporter la confiance dont elle manque cruellement.
Et si ce séjour agissait comme un déclic ? Et si chacun d’entre eux venait à douter de ses sentiments ?
Serena Giuliano est l’autrice de Ciao Bella, de Mamma Marie et de Luna qui ont déjà conquis plus de 300 000 lecteurs


– Alice et Atiq RAHIMI : « Si seulement la nuit » (Ed. P.O.L.)

Confinés séparément, le père et la fille ont entretenu un échange épistolaire en 2020 pour s’encourager, raconter à l’autre son quotidien et se donner des nouvelles rassurantes. Mais très vite leur correspondance, émouvante et inquiète, s’assombrit, vire à l’écriture tourmentée de soi, et s’engage dans le récit d’une famille bouleversée par la politique, l’exil et l’art.
Le père, écrivain et cinéaste d’origine afghane, est incapable d’écrire un mot de fiction, de reprendre l’écriture de son roman. Il se croit alors enfermé dans un monde virtuel. Sa fille, née en France de parents exilés, étudiante en art dramatique, s’interroge sur son identité réelle. Ce sont ses mots et ses interrogations, à elle, qui ramène son père à la réalité du monde actuel, et à la réminiscence de son passé douloureux, volatile. Le passé ressurgit entre eux comme un fantôme encombrant, et que le père et la fille ont bien du mal à partager. Alors que les nouvelles de l’Afghanistan sont chaque jour de plus en plus angoissantes, le père parvient à raconter ce qu’il n’avait jamais dit à sa fille : la fuite de Kaboul, l’invraisemblable périple jusqu’au Pakistan, la famille, les amis abandonnés ou disparus.
Ainsi deux générations, en s’écrivant, racontent le monde, la vie et les sentiments d’une famille exilée. Le père vit dans la nostalgie et l’inquiétude des événements, la fille s’interroge sur son identité et veut croire en l’avenir. Une transmis-sion est-elle encore possible ? Et derrière les mots échangés, qui se révèle ? Et qui se cache toujours ?

– Laura ALCOBA : « Par la forêt » (Ed. Gallimard)
« Dès notre premier rendez-vous au Bûcheron, Flavia m’a parlé de la mère que Griselda a été pour elle, durant toutes ces années.
— Présente, aimante. Très aimante.
Elle m’a regardée dans les yeux en prononçant ces mots. Pour s’assurer que j’avais bien entendu, pour me faire savoir qu’elle ne disait pas ces mots à la légère. “Aimante, vraiment.” »
Griselda était la mère de trois enfants, deux garçons et une fille. Un jour d’hiver, au milieu des années 80, alors qu’elle était exilée en France, elle a noyé ses deux garçons, Boris et Sacha.
Plus de trente ans après les faits, la narratrice retrouve les survivants de ce drame familial. Sans dissiper le mystère du geste de Griselda, elle enquête pour tenter d’approcher l’inconcevable. Et d’entrevoir, au fond de la nuit, autour de la figure lumineuse de Flavia, le pari de l’amour et de la vie.

– Xavier LE CLERC : « Un homme sans titre » (Ed. Gallimard)
« Si tu étais si attaché à ta carte d’ouvrier, c’est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n’auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l’inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n’était hélas que pour t’effacer. Tu as figuré sur l’interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d’autres avant toi à malaxer dans les tranchées. »
En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L’auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d’Algérie en 1962, embauché comme manoeuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l’injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d’identité et d’intégration.

– Omar Youssef SOULEIMANE : « Une chambre en exil » (Ed. Flammarion)
Un jeune réfugié syrien rêve de commencer une vie nouvelle en France, d’oublier un passé douloureux et de se sentir enfin à sa place. Une chambre à soi, est-ce un espoir illusoire pour un émigré ? Installé temporairement à Bobigny, ce qu’il voit, ce qu’il entend fait resurgir des bribes de ce qu’il a fui. Dans ce monde où se croisent d’éternels exilés, la complexité de leur rapport à la France se heurte au poids d’un islam radical. Attiré par sa voisine, Violette, jeune femme libre et volontaire qui le trouble, il se met à fréquenter un lieu dirigé par un imam politisé et doit affronter, en tant qu’Arabe, l’intensité de la banlieue et la nostalgie d’un pays natal qui n’existe plus.
Politiques et victimes, dealers errants et fervents religieux, piliers de bar PMU et personnel de préfecture défilent dans le livre à travers les rencontres du narrateur, et son propre regard de Candide venu d’ailleurs.

– Maria LARREA : « Les gens de Bilbao naissent où ils veulent » (Ed. Grasset)
Tout commence en Espagne. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille qu’elle abandonne aux soeurs d’un couvent. Les deux orphelins connaissent la misère et Franco mais se rencontrent, se marient, partent à Paris. La Galicienne devient femme de ménage, le Basque gardien du théâtre de la Michodière.
Ils auront un enfant, Maria. C’est notre narratrice. A vingt-sept ans, celle-ci croyait s’être arrachée à ses origines : la loge de ses parents, la violence de Julian et les silences de Victoria. Mais un tirage de tarot va renverser son existence et l’obliger à replonger dans le passé des siens. Pour comprendre de qui elle est la fille, elle devra enquêter et revenir là où tout a débuté, à Bilbao, où naissent les secrets.
Etourdissant de style, d’énergie et de vie, ce premier roman mené tambour battant nous embarque instantanément. Avec maestria, Maria Larrea y recompose pièce à pièce le visage de sa famille et le puzzle de sa mémoire. On court et rit et pleure ensemble. Une écrivaine est née.

– Annie LULU : « Peine des faunes » (Ed. Julliard).
Peine des Faunes nous plonge dans la vie quotidienne d’une famille tanzanienne en 1986. Rébecca élève huit enfants. Sa fille aînée, Maggie, rêve d’étudier à l’université. Mais Rébecca entre en lutte contre une compagnie pétrolière sur le point d’exproprier les habitants de son village natal. Son départ précipité fait brutalement basculer le destin de Maggie et pose la première pierre d’une tragédie familiale s’étirant sur cinq générations.
De la Tanzanie des années quatre-vingt à l’Ecosse contemporaine, Peine des Faunes est une ode poétique à la fragilité de la condition humaine et un urgent plaidoyer pour le vivant. Tissant ensemble les thématiques féministe et environnementale, Annie Lulu brosse une galerie de portraits de femmes inoubliables, dont le combat pour la liberté et la justice finira par être récompensé.

La deuxième sélection sera connue le 22 septembre.

Le jury présidé par M.Daniel Rondeau de l’Académie française attribuera le prix 2022 le 15 novembre. Le lauréat le recevra au cours d’une cérémonie qui aura lieu le 30 novembre.

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