Vaja Otarachvili est un écrivain , poète, journaliste et homme politique géorgien vivant à Tbilissi. Docteur en théologie, il enseigne à l’Université technique géorgienne et anime l’ émission de télévision “Littérature, Art et spirirualité” sur la chaîne “Obieqtivi”. Très actif dans le monde littéraire et artistique, il dirige le centre de recherche sur la grande figure géorgienne du XVII ème siècle, Giorgi Saakadzé. Il a été rédacteur en chef de la revue “Littérature et Art” et publie de nombreux travaux de recherche, livres et articles. Sa poésie est traduite dans plusieurs langues et lui a valu de nombreux prix et distinctions. Il a été membre du Parlement géorgien de 2004 à 2014 et il est membre de l’ assemblée municipale de Tbilissi.
Eka Kvantaliani est poète, traductrice et chercheuse. Directrice adjointe du Centre de recherche sur Giorgi Saakadzé, elle s’intéresse particulièrement à la relation entre la Géorgie, l’Europe et l’Asie du XVIe siècle à nos jours.
Avec Vaja Otarachvili, elle anime l ‘émission de télévision dédiée à l’histoire et à la littérature sur lachaîne “Obieqtivi”.
Vaja Otarachvili et Eka Kvantaliani ont coécrit un ouvrage de poésie “Mariage à minuit” où leurs deux voix évoquent l’étrange histoire d’amour entre le légendaire poète géorgien Galaktion Tabidzé (1891-1959) et Meri Eristavi-Chervatchizé (1888-1986), aristocrate géorgienne, icône de la mode et modèle de Coco Chanel, devenue la muse du poète.
“Mariage à minuit » ressuscite leur correspondance imaginaire sous une forme poétique.
Les poèmes sont traduits du géorgien par Eka Kvantaliani.
Vaja Otarachvili évoque Paris et l’ incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019.
Ça me rappelle des jours tranquilles
La nuit à Paris a un autre charme
Comme les belles paroles de l’évangile
J’adore la fierté de France – Notre Dame …
Seine … Versailles … Eiffel dans le ciel…
Mais les langues de feu en prêchant,
Nous donnent un moment sacrificiel
Et les anges pleurent …et les anges chantent…
Tu me dis que tout le monde pleure
Et chacun pense à la France.
Pour ce jour et pour cette heure
Paris j’exprime mes condoléances.
Eka Kvantaliani
La danse de gitane
Près de Notre-Dame…
Le coeur de la France est rempli des larmes…
Comme Jeanne D’Arc, ce temple
Enveloppé de feu …
C’est le destin de notre temps _
Pleure Quasimodo…
Illustration : « La flèche de Notre-Dame », de Jérôme Dufay.
Les mystères de Pégase
L’ ouvrage « Les Mystères de Pégase “ publié en 2018 , imagine une correspondance en vers entre le poète géorgien Nikoloz Baratachvili (1817-1845) et la princesse Ekateriné Chavchavadze (1816-1882)
Nikoloz Baratachvili, surnommé Tato, introduisit l’européisme dans la littérature géorgienne, Poète romantique, il est considéré comme le Byron géorgien. Il a vécu un amour passionné et malheureux pour la princesse Ekateriné qui finit par épouser David de Mingrélie.
Son oeuvre poétique est publiée après sa mort précoce à l’ âge de 27 ans. Elle a un retentissement considérable, notamment “Pégase” qui exprime avec lyrisme les aspirations romantiques et mystiques de cette génération .
En 1857, la princesse Ekateriné arrive à Paris, après avoir rencontré des membres de la famille impériale. Sa fille Salomé épousera d’ailleurs le prince Achille Murat en 1868 dont elle aura trois enfants.
Extraits de : « Les Mystères de Pégase “
Le poète , qui vit à Ganja-Nakhitchevan, exprime la tristesse d’ étre loin de sa bien-aimée.
1
(À Nakhitchevan )
Ma reine est encore loin de moi,
Chaque jour je vois les rayons sur les roses.
Mon destin est fatal… mais pourquoi ?
À Nakhitchevan
Ma vie est toujours douloureuse.
2
(Dans une taverne)
Je suis seul à Ganja depuis des années
Mon oncle général ne me rappelle plus
Je coupe du pain dans une taverne
La fumée du tabac coule comme une flux
Vous souvenez-vous de moi? en émoi
Je suivrai les nuages dans le vent
Catherine, vous êtes la seule reine pour moi
L’âme pleure toujours pleine d’abattement
3
(Lettre de Tato à Catherine)
Je vais mourir Catherine, je vais mourir
À Ganja les rues sont pleines de bandits
Vos lèvres, votre sourire
Votre amour m’emmène au paradis
Est-ce que vous pleurezpour moi ?
Ou m’avez vous trahi avec votre mari ?
Ne le regretterez-vous pas ? Pourquoi ?
La mort lente arrive.
J’ai 28 ans
Mais le corbeau creuse ma tombe
Sur le front du poète…plus tard
La terre natale tombera comme une ombre
1
Mon âme orpheline
Je suis dans le temple… je veux vous voir
Le prêtre est debout devant l’icône
Et dans ma vie comme mon devoir
Je suis assise sur le trône
La reine doit être digne
Mais qui me demandera quel fardeau je porte ?
Mon âme est devenue orpheline,
Je suis sans vous, comme une nature morte.
2
Un secret dans mon coeur
J’ai un secret dans mon oeur:
L ‘amour fidèle et véritable.
Sans vous mon âme pleure
Votre carnet de poèmes est sur ma table.
Je me souviens de notre route
Qui nous menait à l’église.
Vous m’appelez…je vous écoute.
Vous êtes si loin…c’est ma bêtise !
3
Le destin
On entend dans le temple
Un chant doux et irréel
Leur amour est un exemple
Il est mort pour elle
Le vent souffle si fortement,
Mais les bougies brillent.
La femme pleure : “ mais…comment? ”
Personne n’a rien dit.
Il préférait la liberté
Et son destin crucial,
Avec son âme immortelle
Volera dans le ciel .
Eka Kvantaliani
Paris
La Seine attend les couples amoureux
Et la belle soirée arrive.
Les allées sont en lumière
Comme une étoile sur la rive.
La lune n’apprécie personne ,
Sur le toit de maison
Sauf lui, sauf elle
Sans des couples amoureux,
Je dis la raison :
Je ne présente pas la Tour Eiffel
Avec une tasse de café et un bouquet de roses,
Doux sourire près de la rivière
Quel bon sentiment
Paris est surnommée
La ville de l’amour et de la lumière.
Eka Kvantaliani
L’amour ne meurt jamais
Le vent court dans les branches
Et je ne sais pas pourquoi_
Je suis votre seule reine
Et vous êtes mon roi…
Je pense à notre vie
En marchant dans l’allée…
Tout autour de nous meurt,
Mais l’amour jamais. Eka Kvantaliani
A propos des vers du poete Sandor Petofi
Près d’une bougie allumée
Le feu danse avec l’ombre.
Je lis des vers
La pièce est presque sombre
De page en page
Le poète chante l’amour
Les mots gentils et sages
Sont si beaux, si purs
Parfois mes poèmes volent,
Comme des feuilles dans la rue
Il fait noir et mes paroles,
Mes pensées ont disparu…
Vaja Otarachvili , traduit du géorgien par Eka Kvantaliani
Dites-moi
Que pour l’amour il n’y a ni temps ni distance.
Je prends le silence
Comme condoléances
Et j’ai peur de ma propre passion et de sa présence;
Dites-moi:
Et encore nous serrons ensemble
Aujourd’hui, demain et pour toujours…
Et que Dieu entende nos prières pour notre amour…
Dites-moi
Que vous voulez être avec moi
Et que vous avez peur de la solitude. Ce n’est pas vrai ?
Dites-moi
Comme il pleuvait
La pluie et les larmes ont coulé.
Dites-moi
Le temps et la distance me font mal au coeur…
Dites-moi
La réalité ou le rêve quand je dors.
Vaja Otarachvili , traduit par E K
Pour qui parlez-vous ?
Pour qui priez-vous ?
Culture de la nonne,
Rêves de la nonne
Et qui est cette personne
Dont le but,
Réchauffera vos jours
Où le vent joue
Partagez avec moi vos rêves
Ce que j’aime
Mon étoile,mon amour
Quand même.
Pensez à qui j’ai écrit ce poème.
Vaja Otarachvili , traduit par E K
Amour inégal
Je t’aime plus aujourd’hui
Que je ne t’aimais hier,
Mais moins que demain.
Le temps nous conduira à la vieillesse
Où sont les vents de tristesse
Les vents de chagrin.
Tes cheveux… je suis ivre de leur parfum
Avec tes yeux marron ou bruns
Mon ciel est plein.
Et je t’aime plus aujourd’hui
Que je ne t’aimais hier,
Mais moins que demain.
Vaja Otarachvili traduit par E K