Disparue le 5 août 2023, secrétaire perpétuel de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse est le pur produit d’une francophonie universelle
Madame Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie Française – (Photo : www.academie-francaise.fr)
Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française, décédée le 5 août à Paris, restera à jamais une figure de l’universalité de la francophonie.
Née en 1929 d’un père géorgien, Georges Zourabichvili, et d’une mère germano-russe, Nathalie Pelken, sa langue du berceau fut le russe, qu’elle pratiqua jusqu’à l’âge de 5 ans, avant d’acquérir la langue française grâce à certains amis de ses parents, sans toutefois perdre sa culture d’origine qu’elle continuera d’enrichir et de développer.
Ayant vécu son enfance et son adolescence sous un statut d’apatride, elle n’acquit la nationalité française qu’à 21 ans, l’âge de la majorité à cette époque.
Elève au lycée Molière à Paris, elle entama alors un parcours universitaire remarquable qui fera d’elle une diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, puis docteur d’Etat ès Lettres, professeur d’Histoire à l’université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne).
Ecrivain prolifique (elle laisse près de quarante ouvrages portant sa signature), elle se distingua dès 1978 avec son livre « L’empire éclaté » dans lequel elle prédit la fin de l’URSS.
Elue au siège N°14
Douze ans plus tard, le 13 décembre 1990, elle est élue au quatorzième fauteuil de l’Académie française laissé vacant par Jean Mistler. Elle sera accueillie sous la coupole par Michel Déon en décembre 1991.
Le 21 octobre 1999, elle est élue secrétaire perpétuel de l’Académie française en remplacement de Maurice Druon, démissionnaire.
En sa qualité d’académicien, elle s’est fortement prononcée contre l’écriture inclusive qu’elle qualifiait de « péril mortel » pour notre langue. Pareillement, elle était contre la féminisation des titres et fonctions, s’obstinant à perpétuer des formulations telles que « Madame le Ministre », « Madame le député », etc.
Pro-européenne, elle siégea au Parlement de Strasbourg pendant cinq ans, et espéra aussi voir l’Europe se rapprocher de la Russie post soviétique. Le président Vladimir Poutine, qu’elle avait rencontré personnellement en 2000 lui décerna en 2009 la médaille de l’Ordre d’Honneur de la Russie.
Invitée sur les plateaux de télévision en France lorsque les menaces d’invasion de l’Ukraine faisaient les titres de l’actualité, Hélène Carrère d’Encausse assurait ne pas croire en l’agression de la Russie à l’égard de Kiev en estimant que le président russe avait « tout à y perdre ». Après une période d’hésitation sur le partage des responsabilités dans ce conflit militaire, elle prit définitivement ses distances à l’égard du Kremlin, considérant que l’occupation d’une partie de l’Ukraine n’avait aucune légitimité.
Le président de la République Emmanuel Macron a salué sa mémoire par ces mots : ; « Historienne majeure, elle fut la première femme Secrétaire perpétuel de l’Académie française. Comme elle, son legs est immortel ».