Sous cet imposant échafaudage, les compagnons charpentiers oeuvrent à l’élévation de la nouvelle flèche de Notre-Dame de Paris. (Photo : Rebâtir Notre-Dame de Paris)
Les téléspectateurs du monde entier conservent de façon indélébile l’image de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris, s’effondrant dans l’incendie de la charpente, dans la nuit du 15 au 16 avril 2019.
La reconstruction de cette élévation dans le ciel de la capitale est en cours. Elle est désormais visible depuis la mise en place du poinçon, cette colonne vertébrale sur laquelle s’assembleront les enrayures et l’ensemble des éléments en bois. Selon Philippe Jost, responsable du chantier, successeur du général d’armée Georgelin, la nouvelle flèche sera visible dès la fin 2023 et parée dans son habillage de plomb lors de Jeux Olympiques de Paris 2024.
Poinçon, arêtiers, enrayures en cours d’assemblement, pour une flèche visible fin 2023. (Photo : Rebâtir Notre-Dame de Paris)
L’exemple de la flèche de Notre-Dame d’Amiens
Le respect des délais souhaités par le Président de la République – délais qui avaient soulevé des doutes dans certaines franges de l’opinion – reste toutefois loin d’être un exploit. A la différence des compagnons du 19e qui construisirent et assemblèrent la flèche dessinée par l’architecte Viollet-le-Duc, ceux d’aujourd’hui ont disposé d’outils d’équarrissage, de coupe et d’élévation autrement bien plus performants.
Au demeurant, la flèche de Notre-Dame de Paris n’est pas la seule à avoir été détruite dans un incendie.
Le 15 juillet 1528, la foudre frappant la cathédrale Notre-Dame d’Amiens alluma les bois de la flèche, provoquant un incendie visible de très loin.
Avec les moyens de l’époque, le feu put être maitrisé grâce, principalement, à la mobilisation de la population qui forma une chaîne de la rive du fleuve jusqu’au sommet de la toiture, évitant de la sorte que la charpente du monument s’embrase en entièrement.
La flèche de Notre-Dame d’Amiens. Elle fut élevée en cinq ans à partir de 1528 à la suite de l’incendie de celle qui la précédait. (Photo : La Renaissance Française / Somme)
Cinq ans pour reconstruire… au XVIe siècle
La flèche ne résista toutefois pas au sinistre. Il fallut en élever une nouvelle. Grâce aux dons des fidèles et de Louise de Savoie, mère du roi François 1er, à la fortune de l’évêque et du Chapitre du diocèse, à la cession de chênes blonds de la forêt royale de Hetz (Oise) par François 1er, la construction put être entamée sans retard. Cinq ans après le sinistre, le 22 mai 1533, l’évêque d’Amiens bénissait la nouvelle flèche aux bois recouverts de plomb et de feuilles d’or.
Cette flèche orne toujours la cathédrale amiénoise. Elle est considérée comme « la mère » des flèches des cathédrales médiévales. Elle servit de modèle en 1857 à Viollet-le-Duc, avec la flèche de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, pour l’édification de la flèche de Notre-Dame de Paris.