L’écrivain français et libanais succède à Hélène Carrère d’Encausse, décédée le 5 septembre 2023.
min Maalouf, nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française. (Photo France-Info).
Par 24 voix contre 8, le jeudi 28 septembre 2023, l’Académie française a élu son nouveau secrétaire perpétuel, Amin Maalouf, qui succède à Hélène Carrère d’Encausse, décédée le 5 septembre 2023.
Français et Libanais, Amin Maalouf a commencé sa vie professionnelle dans le journalisme, à la direction de la rédaction de An-Hanar International , publication de langue arabe, qu’il quittera en 1975 lors du déclenchement de la guerre civile au Liban.
Réfugié en France avec sa femme et ses enfants, il intégrera la rédaction d’un magazine économique, avant de devenir rédacteur en chef de Jeune Afrique. Il se livre également à l’écriture, mais voit ses manuscrits lui revenir avec l’aimable lettre de refus des éditeurs.
Son ouvrage Les Croisades vues par les Arabes sera toutefois publié par la maison d’édition Jean-Claude-Lattès en 1983 et sera l’amorce d’une grande carrière littéraire.
En 1985, il quitte le journalisme pour ne se consacrer qu’à l’écriture, encouragé en 1986 par le succès de librairie de Léon l’Africain (Lattès Editions).
Avec Le Rocher de Tanios (Editions Grasset), il décroche en 1993 le Prix Goncourt.
C’est en Vendée, dans une petite maison de pêcheur de l’île d’Yeu, qu’il prend l’habitude de se retirer et se consacrer à la création littéraire. Sa bibliographie ne cesse plus de s’épaissir.
En 2007-2008, il préside, à l’invitation de la Commission européenne, un groupe de réflexion sur le multilinguisme, qui publie un rapport intitulé Un défi salutaire : comment la multiplicité des langues pourrait consolider l’Europe.
Il est Docteur honoris causa de l’Université Catholique de Louvain (Belgique), de l’Université de Tarragone (Espagne), de l’Université d’Évora (Portugal) et de l’université américaine de Beyrouth (Liban).
Il a été élu à l’Académie française, le 23 juin 2011, au fauteuil de Claude Lévi-Strauss (29e), et reçu le 14 juin 2012 par Jean-Christophe Rufin.
Romans
• Léon l’Africain, Paris, Jean-Claude Lattès, 1986
• Samarcande, Paris, Jean-Claude Lattès, 1988
• Les Jardins de lumière, Paris, Jean-Claude Lattès, 1991
• Le Premier Siècle après Béatrice, Paris, Grasset, 1992
• Le Rocher de Tanios, Paris, Grasset, 1993
• Les Échelles du Levant, Paris, Grasset, 1996
• Le Périple de Baldassare, Paris, Grasset,
• Les Désorientés, Paris, Grasset, 2012
• Nos frères inattendus, Paris, Grasset, 2020
Essais
• Les Croisades vues par les Arabes, Paris, éditions Jean-Claude Lattès, 1983
• Les Identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998
• Origines, Paris, Grasset, 2004
• Le Dérèglement du monde, Paris, Grasset, 2009
• Un fauteuil sur la Seine : Quatre siècles d’histoire de France, Paris, Grasset, 2016
• Le Naufrage des civilisations, Paris, Grasset, 2019
Livrets d’opéra
• 2001 : L’Amour de loin de Kaija Saariaho (création en août 2000 au Festival de Salzbourg), Paris, édition Grasset, 2001
• 2004 : Adriana Mater de Kaija Saariaho (création mondiale en mars 2006 à l’Opéra de la Bastille), Paris, Grasset, 2006
• 2006 : La Passion de Simone (oratorio de Kaija Saariaho ; création mondiale 2006 à Vienne).
• 2010 : Émilie de Kaija Saariaho (création mondiale 2010 à l’Opéra de Lyon).
Sur son site personnel http://amin.maalouf.free.fr/maalouf/ l’académicien, sous forme d’une longue interview, livre ses secrets de vie et d’écriture, dont nous publions ici ce court extrait :
N’êtes-vous jamais tenté de quitter votre bureau pour vous impliquer dans la vie de la société, vous engager dans des combats, ou retrouver vos vieilles amours, la politique ?
Dans tout ce que j’écris, j’ai le sentiment de mener un combat, mon combat, depuis toujours le même. Contre la discrimination, contre l’exclusion, contre l’obscurantisme, contre les identités étroites, contre la prétendue guerre des civilisations, et aussi contre les perversités du monde moderne, contre les manipulations génétiques hasardeuses… Patiemment, je m’efforce de bâtir des passerelles, je m’attaque aux mythes et aux habitudes de pensée qui alimentent la haine…
C’est le projet de toute une vie, qui se poursuit de livre en livre, et se poursuivra tant que je pourrai écrire. Un projet qui trouve sans doute ses origines dans mon état de minoritaire, et qui vise à renverser les tables avec une apparente douceur. Je ne sais pas si mes écrits feront une différence, mais c’est là une question qu’il ne faut pas trop se poser.
C’est comme pour une élection : la seule attitude sage est de voter comme si sa voix allait faire la différence ; c’est évidemment une fiction, mais une fiction salutaire sans laquelle la démocratie n’aurait plus aucun sens. Pour mon combat, je dirai exactement la même chose : j’écris comme si cela allait changer la face du monde. Je sais parfaitement que c’est une illusion ; seulement, si je ne cultivais pas cette illusion, ni mon écriture ni ma vie n’auraient de sens.