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Délégation de Russie : La France sous Napoléon III et la Russie

par La Renaissance Française

Le Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe (1 quai Branly Paris 7) a accueilli ce jeudi 30 mai la conférence de Monsieur Abel DOUAY « Napoléon III révélé. La réhabilitation d’un empereur ».


Madame Zoya Arrignon, Présidente de la délégation russe de La Renaissance Française a été invitée pour faire un discours d’introduction et évoquer les liens entre la France sous Napoléon III et la Russie.


Texte de son discours :
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Le partenariat créé depuis 2016 entre la délégation russe de la Renaissance Française et le centre spirituel et orthodoxe russe va bien au-delà d’un simple partenariat stratégique, il s’agit d’une collaboration solide et fidèle.
Avec l’aide de son précédent directeur, Monsieur Léonid KADYCHEV, nous avons eu l’occasion d’organiser de nombreuses manifestations dédiées aux Français et aux Russes ayant contribué au renforcement mais aussi au rayonnement des liens entre nos deux pays.
Je suis très heureuse que cette collaboration se poursuive avec l’arrivée de la nouvelle directrice du Centre Madame Anna KOTLOVA. Je tiens à la remercier, ainsi que ses collaborateurs, pour leur accueil et pour leur aide précieuse dans l’organisation de notre soirée.
Notre invité de ce soir est Monsieur Abel DOUAY, descendant de la famille des généraux DOUAY, cousin de Charles COLONNA WALEWSKI. Originaire du nord, Monsieur DOUAY est historien et conférencier. Il est également membre depuis plus de 30 ans du Souvenir Napoléonien et de la Société Historique des Amis de Napoléon III, au sein de laquelle il a assuré la présidence jusqu’en mars 2021. Il a publié plusieurs ouvrages sur les Premier et Second Empires, notamment « Napoléon III et la Roumanie et l’influence de la franc-maçonnerie », « Les Douay et leurs alliances au service des Premier et Second Empires », « Franc-maçonnerie et Sociétés Secrètes prussiennes contre Napoléon » ou encore « Schulmeister dans les coulisses de la grande armée ».

En 2023, nous avons commémoré le 150ème anniversaire de la disparition de Charles Louis Napoléon Bonaparte. A cette occasion, Monsieur DOUAY avait publié un livre historique intitulé « Napoléon III révélé. La Réhabilitation d’un Empereur » qui a d’ailleurs fait l’objet d’un numéro spécial parue aux éditions Soteca .

Ce soir, Monsieur DOUAY nous fait l’honneur de sa présence pour évoquer à nouveau la mémoire de celui qui fut le dernier Empereur des Français mais aussi le Premier Président de la République.

Napoléon III fut longtemps victime d’une image négative, propagée notamment par certains de ses célèbres détracteurs (dont Karl Marx et Victor Hugo). Mais cette légende négative est remise en cause, y compris au niveau universitaire. Il importe désormais de faire connaître les résultats de cette « relecture ».
Malgré ces critiques, Napoléon Bonaparte est un homme qui a fait de la France et des Français sa raison de vivre. Dénommé l’Empereur social, il était très proche du peuple. Il disait d’ailleurs que ses « amis les plus sincères ne sont pas dans les palais mais dans les ateliers et les campagnes ». C’est à lui que Paris doit son rayonnement. Grâce à lui Paris devient alors une « Capitale mondiale ». C’est à son époque que débute la construction de l’Opéra Garnier.
C’était également un fin stratège et diplomate. Grâce à lui, la France devient « l’arbitre de l’Europe » et même « l’arbitre du monde » dont l’opinion comptait lors de décisions stratégiques internationales.
C’est à lui que nous devons également l’apaisement des relations franco-russes à la fin de la guerre de Crimée avec notamment la signature du traité de paix en 1856 actant la fin de cette guerre.
Avant de passer la parole à notre conférencier j’aimerais évoquer quelques personnages et épisodes de l’époque de Napoléon III ayant marqué les relations franco-russes.

Tout d’abord j’aimerais évoquer le général Armand de CASTELBAJAC et l’Ambassadeur Charles de MORNY appelés « les précurseurs de l’alliance franco-russe » par l’académicien Albert SOREL.
Le Général Armand de Castelbajac a fait la campagne de Russie et a été nommé Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire en Russie en 1849. Il était méfiant vis-à-vis de l’Angleterre et considérait que l’alliance avec la Russie ne pouvait que renforcer la position de la France.
Le Comte Charles de MORNY, demi-frère de Napoléon III, diplomate russophile, décrit comme « un fidèle partisan de l’alliance franco-russe » n’a jamais caché sa désapprobation de la guerre contre la Russie par craintes de troubles prolongés en Europe. Selon lui, la France n’avait rien à y gagner et avait en réalité servi les intérêts exclusifs de l’Angleterre. Il était le premier ambassadeur de France envoyé en Russie après le congrès de Paris en 1856 ayant mis fin à la guerre de Crimée. De tous les ambassadeurs extraordinaires Charles de MORNY est le premier à être reçu par Alexandre II à Peterhof, dans sa résidence d’été au mois d’août 1856. Dans son rapport envoyé à Paris, de MORNY soulignait « d’après la nature de disposition que je rencontre ici, je vois en Russie une mine à explorer pour la France ».
Ce qui est aussi intéressant de noter c’est que malgré l’adversité entre la France et la Russie lors la guerre de Crimée, il n’y a jamais eu d’animosité contre la France en Russie.
En tant qu’ambassadeur, il a contribué à la fondation de la Grande Société des chemins de fer russes, dont une partie de l’énorme capital est apporté par les frères Pereire. Il conclut le 14 juin 1857, un traité de navigation et de commerce entre la France et la Russie. En septembre 1857, Napoléon III et Alexandre II se rencontrent à Stuttgart et l’empereur reçoit du tsar la promesse qu’il pourra intervenir en Italie contre l’Autriche, sans que la Russie ne soutienne cette dernière. Le comte MORNY était le symbole de l’alliance franco-russe de la Belle Époque !
En 1867, la Russie est l’invité d’honneur de l’Exposition universelle en France. Napoléon III profite de l’inauguration de l’Exposition universelle et de la place d’honneur accordée à la section russe pour inviter le Tsar à venir la visiter. Alexandre II a donc été accueilli en grande pompe à son arrivée à la gare du Nord, le 1er juin, par l’Empereur des Français en personne. Toute l’élite politique et militaire française s’est donné rendez-vous à la gare pour l’occasion : les ministres, les maréchaux commandant la Garde impériale et l’armée de Paris, les préfets de la Seine et de police étaient présents. L’ambassadeur de Russie, les résidents russes de qualité, tous en uniforme ou en costume d’apparat. Le pavillon russe occupe une espace importante à l’Exposition universelle. Une grande partie du Palais central lui était offerte. La Russie a ainsi pu installer un véritable petit village russe . Les visiteurs ont pu découvrir du mobilier exotique, des icônes, de magnifiques fourrures, des céramiques. En plus des izbas, il y avait également des écuries du tsar. Celles-ci ont été dessinées, par un architecte français, Paul Bénard et construites par des entrepreneurs français choisis par la Commission russe.
La partie russe de l’Exposition remporte un très grand succès : les chevaux de l’empereur ont constitué l’une des attractions préférées, la peinture fait forte impression, et plus particulièrement les œuvres de Vassili PEROV dont les critiques d’art font l’éloge.

Le centre spirituel russe donne sur le pont de l’Alma inauguré par l’empereur Napoléon III 1856, reconstruite en 1970. Ce pont porte le nom de la première grande bataille de la guerre en Crimée sur les rives du fleuve Alma près de Sébastopol.

Je veux évoquer un épisode de cette guerre, épisode probablement unique dans l’histoire militaire mondiale. Pendant cette guerre la France et la Russie étaient adversaires. Pourtant, après la bataille sur la colline de Malakoff le 27 août 1855, pour rendre hommage au courage de leurs adversaires russes le général Patrice de MAC-MAHON, ordonne d’enterrer, ensemble, dans une fosse commune les soldats français et russes tombés lors de cette bataille. Un modeste obélisque surmonté d’une croix a été dressé au-dessus de la sépulture. Ce monument porte une épitaphe composée par les Français après l’inhumation des dépouilles des soldats français et russes :
UNIS POUR LA VICTOIRE,
REUNIS PAR LA MORT.
DU SOLDAT, C’EST LA GLOIRE,
DES BRAVES C’EST LE SORT.

Lors de cette introduction, j’ai souhaité évoquer quelques épisodes glorieux de la fraternité et de l’amitié franco-russe.
Au moment où nous organisons notre conférence, les relations officielles diplomatiques entre nos deux pays sont malheureusement au plus bas. Pour ceux qui ont consacré leurs vies et leurs carrières au renforcement des liens entre la France et la Russie, la situation actuelle ne peut susciter que regret et désolation. La mémoire collective et le maintien du dialogue sont nécessaires pour construire un avenir commun dont nous sommes tous responsables. C’est d’ailleurs l’un des objectifs forts de notre institution fondée il y a plus de 100 ans par Raymond POINCARE.
Je vous remercie pour votre attention.

Agence TASS: https://tass.ru/kultura/20953951

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