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GEORGIE : poèmes de Khatuna Mzarelua

par La Renaissance Française

Khatuna Mzarelua est journalise en matière d’arts et de culture et chercheuse en danse contemporaine européenne. En tant que journaliste, elle a longuement collaboré avec, entre autres, « Amarta », magazine géorgien de prestige. Cette collaboration l’a conduite à interviewer des chorégraphes, des personnalités de la danse et des artistes connus, tels que Franz Blankart, Laure Barreault, Gilles Jobin, Philippe Cohen, Angelin Preljocaj, Sidi Larbi Cherkaoui, Christian Lacroix et Guy Darmet.
Le domaine de la danse la passionne et c’est dans cette direction qu’elle réalise des articles pour « Arabesque », magazine de l’Opéra National de Tbilissi.

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Khatuna Mzarelua propose des conférences publiques autour du thème « L’Europe une et multiple sur le fond du ballet des XX et XXIème siècles »

Depuis 2011, avec le soutien de l’Institut Français de Géorgie, ainsi que de la Maison de l’Europe de Tbilissi et, dernièrement, de la fondation « Believe » Khatuna Mzarelua propose des conférences publiques autour du thème « L’Europe une et multiple sur le fond du ballet des XX et XXIème siècles » – accompagnées de projection d’extraits vidéo de ballets, ainsi que de photos offertes par l’Opéra National de Paris et par diverses compagnies de ballet européennes.
Ses premiers poèmes en français datent de 2007, écrits à Genève, où elle a fait des études en cultures et sociétés et est sortie diplômée de l’Institut Européen de l’Université de Genève. Après avoir définitivement quitté la cité de Calvin (si un tel départ est possible, précise-t-elle), Khatuna Mzarelua a continué à écrire des poèmes en français à Tbilissi.

Source de cet article :

https://institutfrancais.ge/fr/about-us/events/soire-de-posie-de-khatuna-mzarelua/

POEMES DE KHATUNA MZARELUA, POETESSE FRANCOPHONE

L’année dernière à Marienbad

L’année dernière à Marienbad
Vous me citiez des vers
Qui appuyaient sur mes plaies.

L’année dernière à Marienbad
Je vous ai vue sans ailes, sans regard, sans pitié.

L’année dernière à Marienbad
Des lustres en marbre
Semblaient avoir absorbé nos passés,
Mais des tapis blancs
Faisaient errer nos pas
Dans les couloirs interminables
De nos souvenirs.

Taisez-vous !

Avez-vous vu le corbeau qui s’envolait de sa bouche ?
Pourtant les corbeaux redoutent les êtres purs.

Vous portez toujours les mêmes parfums.

Des miroirs, apportez-moi les miroirs
Qui ont captivé votre visage.

Vous êtes plus pâle que d’habitude
Sur le fond de vos robes noires hautaines,
De vos colliers de perles
Et de vos fards à paupières.

Nous descendrons au parc aussi pâle que votre peau.
Vous marcherez devant,
Je vous suivrai,
Je vous arracherai le collier de perles,
Je vous mordrai la nuque,
Je basculerai la pudeur de vos épaules.

Vous pleurerez.
Vous me mépriserez.

Méprisez-moi !

Les miroirs, qui ont captivé votre visage, resteront.

Une feuille qui tombe

Une feuille qui tombe
Ressemble à un homme qui tombe
À la lumière de l’automne,
Gracieusement,
En silence.
Une feuille qui tombe,
Frêle, pâle et peut-être un peu théâtrale,
Ressemble à un homme qui tombe
À la lumière de l’automne,
Gracieusement,
En silence.
Auparavant infrangible,
Désorienté par sa chute,
L’homme refoule ses larmes et murmure.
Qui peut entendre ses paroles discrètes,
Sinon de limpides étoiles ?
Trahi par ses chimères,
Il est, cependant, conscient
De l’allégresse des autres.
Le bal masqué n’est pas loin,
Mais il n’y prendra pas part,
Il en a perdu le goût.
Où vont les feuilles d’automne ?
Où va l’homme qui tombe ?
Il lui faut du temps
Pour reprendre des forces,
Dit-on.
Prenez-le, mais revenez
Dans notre monde chaotique,
Car il y a toujours des endroits
Où l’on se sent désiré telle une mousseline
Qui enveloppe un corps innocent.

Le temps des plages romantiques

Le temps des plages romantiques s’approche.
Je me souviens du mouvement
De vos doigts enchevêtrés
Dans mes cheveux mouillés
Qui me fait mal
Et, pourtant,
C’est à ce mouvement que je pense.

La clarté du présent est flagrante.
Elle déborde de nos sourires
Conformes aux lois de la société.
Ces sourires nous guideront,
Ainsi que nos conjoints et nos enfants,
Vers des plages confortables.

Mon mari m’aime tellement,
J’ai deux enfants magnifiques,
Mon travail me satisfait pleinement
Et, pourtant,
Le mouvement de vos doigts enchevêtrés
Dans mes cheveux mouillés me fait mal.

Voilà des paroles sentimentales.
Ô larmes.

Plages de promesses et d’oublis,
Vous demeurez innocentes en dépit
De tous les êtres trahis
Sur vos lits des premières nuits.
Ô ivresse d’amour.

Tout passe. Rien ne passe.

La liberté

Quand nous croyons la posséder,
Nous sommes en train de la perdre

La liberté est un oiseau nonchalant
Assis sur une fine branche

Carmen la perdit et de tristesse, vivante,
Mourut avant que son amant ne la poignarde

La liberté est un arbre sans âge, un roc sage, un océan sauvage

Le philosophe a dit : Dans la liberté, comme dans le vin
Il doit y avoir des limites

Sans la liberté, la vie ne serait pas rouge, mais rougeâtre

Mais trop de liberté tuerait la liberté

Faut-il être un voltigeur
Qui exécute des acrobaties sur une corde
Pour être libre ?

2017 – 2022

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