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Prix littéraire de La Renaissance Française 2020 : première sélection

par René LE BARS

Le prix littéraire de La Renaissance Française récompense « l’œuvre écrite en français d’un auteur dont la langue maternelle n’est pas la langue française ».
Il sera attribué le 15 novembre et remis, à Paris, le 4 décembre à 17 h 30.

La liste des ouvrages en compétition en 2020 est la suivante :

« Pour le pain » de Steven KAPLAN (Ed. Fayard)
« Le livre des départs » de Vélibor COLIC (Gallimard)
« L’invité du miroir »
de Atiq RAHIMI (P.O.L.)
« Moines et chevaliers » de Eugène GREEN (Ed. du Rocher)
« Ennemi de Dieu » de Sorour KASMAÏ (Robert Laffont)
« Le testament russe » de Shumona SINHA (Gallimard)
« Éloge du métèque » de Abnousse SHALMANI (Grasset)
« Mamma Maria » de Serena GIULIANO (Le Cherche Midi)
« Arène » de Négar DJAVADI (Ed. Liana Lévi)
« La chute de la maison Whyte » de Katerina AUTET (Robert Laffont)
« Les Impatientes » de Djaïli AMADOU AMAL (Ed. Emmanuelle Collas/Anne Carrière)

La commission des prix de notre institution vient de publier sa première liste de sélection :
– Eugène GREEN : Moines et chevaliers (Ed. du Rocher)
– Abnousse SHALMANI : Eloge du métèque (Ed.Grasset)
– Serena GIULIANO : Mamma Maria (Le Cherche Midi)
– Négar DJAVADI : Arène (Ed.Liana Lévi)
– Katerina AUTET : La chute de la maison Whyte (Ed.Robert Laffont.)
– Shumona SINHA : Le testament russe (Gallimard)

Une deuxième sélection sera publiée fin octobre.

René Le Bars
Président de la Commission des prix
La Renaissance Française

Les ouvrages et auteurs de la première sélection

– Eugène GREEN : Moines et chevaliers (Ed. du Rocher)
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Dans la ville de Turin se croisent des jeunes gens d’horizons très différents, mais qui vont se trouver liés par une série de hasards apparents, autour de deux crimes : le meurtre d’une petite fille de trois ans, d’origine modeste, et l’enlèvement d’un banquier.
Virgilio, étudiant en lettres, se distingue de la plupart de ses contemporains par la richesse de sa vie spirituelle ; son ami et condisciple Luciano est, lui, en quête d’un idéal qu’il a du mal à discerner ; une longue histoire familiale pèse sur Orlando, l’aristocrate ; Erminia, jeune paysanne devenue ouvrière, ne trouve sa place nulle part ; Norberto, issu de la bourgeoisie, pense s’en libérer en organisant un enlèvement comme au temps des Brigades rouges…
A travers ces parcours erratiques, Eugène Green campe une civilisation qui glorifie la liberté individuelle, mais nie l’idée d’un destin ou d’une forme d’existence propre à chaque être – comme jadis celle des moines et des chevaliers.
Eugène Green est cinéaste, écrivain et dramaturge. Il a réalisé de nombreux films, parmi lesquels : Le Pont des Arts (2004) ; La Sapienza (2014) ou Le Fils de Joseph (2016).
Il a publié des romans et, chez Desclée de Brouwer, un recueil de contes : La Rue des canettes (2003) et trois essais : La Parole baroque (2001), Présences. Essai sur la Nature du cinéma (2003) et Shakespeare ou la lumière des ombres (2018). Il vient de recevoir le Prix du Premier recueil de nouvelles 2019 de la SDGL pour Les Interstices du temps, publié aux Editions du Rocher.

– Abnousse SHALMANI : Eloge du métèque (Ed.Grasset)
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Quel point commun entre les Hébreux, Martin Eden, Romain Gary, la muse de Baudelaire Jeanne Duval, Modigliani, Hercule Poirot ou les rôles interprétés par Ava Gardner ?
Tous sont des métèques. Un mot qui, en Grèce antique, désigne simplement celui qui a changé de cité, avant de devenir une insulte sous la plume de Charles Maurras puis d’être réhabilité par la chanson de Georges Moustaki en 1969.
Le métèque prend alors cette signification d’autre par essence, d’étranger générique. C’est ce mot, aujourd’hui un peu désuet, qu’Abnousse Shalmani vient revaloriser. Car le métèque est en réalité bien plus qu’un mot.
C’est la figure de transfuge par excellence : cet autre aux semelles de vent, qui sait qu’il devra repartir un jour, celui qu’on ne peut jamais enfermer dans un seul lieu ou une seule identité, voué à intriguer, voire à effrayer, à trouver une embuche dans le regard de l’autre.
Celui qui vit dans une identité mouvante, perpétuellement en exil, qui procure une authentique liberté pour peu qu’on se donne la peine d’essayer de l’habiter.
Cet essai élève le métèque au rang d’esthétique à part entière, celle du pas de côté. Dans ce voyage littéraire et cinématographique, l’auteure nous fait visiter son Panthéon personnel, d’Hérode à Salman Rushdie, d’Esmeralda à Albert Camus. Un éloge au souffle ample, qui résonne particulièrement aujourd’hui dans son « amour des sans-frontières, des sans-pays, des sans-terres », une ode à l’imaginaire.
En 1985, Abnousse Shalmani, âgée de 8 ans, et ses parents fuient l’Iran et son régime khoméiniste pour se réfugier en France. Après des études d’histoire, elle s’oriente vers le journalisme. Elle réalise des courts métrages, participe à des émissions de télévision et à des débats sur la condition de la femme en Iran et le port du voile en France.
En 2014, elle publie, sous le titre « Khomeyni, Sade et mo », un livre où elle évoque sa petite enfance sous la férule des femmes-corbeaux (les gardiennes de la morale, toutes de noir vêtues) du chef en noir et blanc (surnom qu’elle donne à Khomeini), et dit sa colère lorsqu’elle découvre en France des femmes enfoulardées, portant le voile islamique contre lequel elle luttait dans son pays qu’elle a dû fuir.

– Serena GIULIANO : Mamma Maria (Le Cherche Midi)

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« Ciao, Sofia, qu’est-ce que je te sers ? Comme d’habitude ? Et j’ajoute un cornetto, parce qu’il faut manger, ma fille !
– Oui, merci, Maria. »
Je m’installe en terrasse, face à la mer, comme chaque matin depuis que je suis de retour en Italie. J’aime bien travailler au son des tasses qui s’entrechoquent. Et, au Mamma Maria, j’ai toujours de la compagnie. Il y a ceux qui viennent tuer le temps. Il y a les enfants qui rêvent devant le comptoir à glaces. Il y a les ados qui sirotent un soda, monsieur le curé, et, surtout, mes partenaires de scopa.
Ici, on vient échanger quelques mots, partager un apéro, esquiver la solitude ou écouter Celentano. Moi, je viens pour me persuader que j’ai bien fait de quitter Paris… et l’autre abruti.
Il fait quand même meilleur ici.
Et puis, on cherche aussi à profiter de la bonne humeur (ou non) de Maria, qui mène, comme une mamma, tout ce petit monde à la baguette.
Bref, j’ai enfin retrouvé mon village paisible.
Enfin, paisible jusqu’au jour où…
Serena Giuliano est blogueuse, pigiste et écrivaine.
Elle arrive en France, en 1994. n’a alors que 12 ans et ne parle pas un mot de français. En trois mois, elle maîtrise la langue et se hisse au niveau de ses camarades de classe.
Après un BTS dans le domaine bancaire, elle se lance comme conseillère en image et crée un blog mode et beauté.
Mère de deux fils, elle crée son blog autour de la maternité, « Wonder mum », en 2013.
Après trois ouvrages « Wonder mum » (2014-2016), succès littéraire de l’année 2014, elle signe avec « Ciao Bella » (2019) son premier roman.

– Négar DJAVADI : Arène (Ed.Liana Lévi)

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Benjamin Grossman veut croire qu’il a réussi, qu’il appartient au monde de ceux auxquels rien ne peut arriver, lui qui compte parmi les dirigeants de BeCurrent, une de ces fameuses plateformes américaines qui diffusent des séries à des millions d’abonnés. L’imprévu fait pourtant irruption un soir, banalement: son téléphone disparaît dans un bar-tabac de Belleville, au moment où un gamin en survêt le bouscule. Une poursuite s’engage jusqu’au bord du canal Saint-Martin, suivie d’une altercation inutile. Tout pourrait s’arrêter là, mais, le lendemain, une vidéo prise à la dérobée par une lycéenne fait le tour des réseaux sociaux. Sur le quai, les images du corps sans vie de l’adolescent, bousculé par une policière en intervention, sont l’élément déclencheur d’une spirale de violences. Personne n’en sortira indemne, ni Benjamin Grossmann, en prise avec une incertitude grandissante, ni la jeune flic à la discipline exemplaire, ni la voleuse d’images solitaire, ni les jeunes des cités voisines, ni les flics, ni les mères de famille, ni les travailleurs au noir chinois, ni le prédicateur médiatique, ni même la candidate en campagne pour la mairie. Tous captifs de l’arène: Paris, quartiers Est.
Négar Djavadi déploie une fiction fascinante, ancrée dans une ville déchirée par des logiques fatales.

Négar Djavadi, née en Iran en 1969 est une scénariste, réalisatrice et écrivaine iranienne-française. Elle vit et travaille à Paris. Elle suit sa scolarité au lycée français de Téhéran. Sa famille fait partie des opposants au régime du Shah puis de l’ayatollah Komeini. A l’âge de 11 ans, elle fuit l’Iran et la révolution islamique avec sa mère et ses deux sœurs en traversant les montagnes du Kurdistan à cheval. Elles s’installent à Paris.

– Katerina AUTET : La chute de la maison Whyte (Ed.Robert Laffont.)
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Les secrets de famille tuent plus sûrement qu’une arme.
Cape Cod, ses belles villas aux bardages de bois, ses millionnaires discrets qui par-dessus tout ont peur du scandale… Mais, justement, le scandale fait vendre. Bien qu’elle s’en défende, c’est ce qu’Edith Whyte a en tête lorsqu’elle publie un livre accusant son célèbre père, grand patron des arts, de crimes inimaginables.
Père et fille n’ont pas le temps de s’expliquer : William Whyte est retrouvé assassiné et le frère d’Edith est accusé du meurtre.
Tandis que la famille se déchire, la bonne société bruit des rumeurs les plus folles…

Née en Russie, Katerina Autet a passé son adolescence aux États-Unis. Elle a choisi de venir en France il y a vingt ans dans le cadre d’un échange universitaire, et n’en est jamais repartie. Katerina a étudié la linguistique, l’histoire et l’économie. Mère de trois enfants, elle habite à Paris et travaille pour une grande entreprise française.

Shumona SINHA : Le testament russe (Gallimard)
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À Calcutta, dans les années 1980, Tania, une jeune Bengalie, détestée par sa mère et mise à l’écart par les adolescents de son âge, trouve refuge dans les livres. Elle se prend de passion pour le destin tumultueux d’un éditeur russe, fondateur des Éditions Raduga, dont la fermeture a été ordonnée en 1930. Elle retrouve la trace de sa fille Adel, octogénaire, dans une maison de retraite à Saint-Pétersbourg et décide de lui écrire.
Avec sensibilité et une poésie évocatrice, Le testament russe propose une traversée du XXe siècle en suivant ces deux femmes passionnées, chacune ayant lutté contre une forme d’oppression : celle d’une dictature sans pitié dans une Russie qui bannissait les livres et s’acharnait contre les poètes ; celle de la famille et de la tradition étouffante en Inde.

Shumona Sinha naît en 1973 dans une famille bourgeoise hindoue de Calcutta : son père est professeur d’économie, de tendance marxiste, et athée, sa mère est professeur de maths et plus traditionnaliste.
Sa famille appartient à la caste guerrière des Kshatriyas et aussi à la caste des grands propriétaires terriens, les Zamindars.
Sa tante maternelle est traductrice du sanscrit à l’allemand et de l’allemand au sanskrit. Enfant puis adolescente, Shumona vit entourée de livres achetés par ses parents ou offerts par sa tante. Elle dévore non seulement les littératures bengalie et indienne mais aussi russe, américaine, française et espagnole à travers leurs traductions en bengali et en anglais.
En 1990, l’adolescente reçoit le prix du Meilleur jeune poète du Bengale3. Comme tous les Indiens de son milieu social, elle parle plusieurs langues indiennes et l’anglais

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