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Déjeuner littéraire avec Andreï MAKINE

par Zoya ARRIGNON

Pour notre déjeuner littéraire d’automne, nous recevons avec un grand plaisir Andreï MAKINE. Ecrivain d’origine russe, prix Goncourt, prix Goncourt des lycéens et prix Médicis en 1995 pour son livre « Le testament français ».

Il vient nous présenter « Le pays du lieutenant Schreiber » son dernier livre ( Prix Mondial de la Fondation Simone & Cino del Duca – Institut de France, Prix littéraire de l’Armée de Terre – Errwan BERGOT, Prix Wartbourg de Littérature)

En 2006, suite à la publication de son ouvrage « Cette France qu’on oublie d’aimer » il reçoit une lettre de Jean-Claude Servan-Schreiber. Suite à ce courrier, Andreï Makine rencontrera cet homme qui lui racontera sa guerre de 39/45. Mobilisé dès 1939, il connaît l’humiliation de la débâcle et le renvoi de l’armée parce qu’il est juif. Il rejoindra la Résistance puis se rendra en Espagne où il sera fait prisonnier dans un camp de concentration. Après un séjour en Afrique du Nord, il participe au débarquement de Provence en Août 1944 puis, muni du grade de lieutenant, intègre un régiment de char de la 1ère division blindée du maréchal De Lattre de Tassigny. A 88 ans, lorsqu’il évoque sa guerre, il fait revivre ses compagnons de route, il en a vu tellement tomber que certaines fois leurs noms s’effacent.

Andreï Makine passionné par ce récit persuade le lieutenant Schreiber d’écrire ses mémoires. Le livre s’appellera « Tête Haute ».
Trouver une maison d’édition suffisamment courageuse pour publier un tel livre fut très difficile et seules les éditions Pygmalion acceptèrent ce défi. Ces souvenirs sont passés complètement inaperçus en 2010, lors de la sortie de l’ouvrage. Qui cela pourrait-il intéresser ?

Alors, devant la déception dissimulée du vieil homme, Andreï Makine prendra sa plume pour lui rendre justice. Ainsi nait « Le pays du Lieutenant Schreiber ». Il retrace la vie de cet officier, dénonce l’antisémitisme dans l’armée française et surtout le retour à la vie civile dans un pays qui ne sait pas reconnaître ceux qui ont risqué et donné leur vie pour lui. Ce livre est un cri contre l’indifférence faite aux héros de la seconde guerre mondiale.
Il est dérangeant parce qu’il vise juste.
« … Un pays oublié, me dis-je. Un pays qu’on n’entend plus à travers la logorrhée des « communicants », la morgue des « experts », les verdicts de la pensée autorisée. Un pays rendu invisible derrière les hologrammes des mascottes « pipôlisées » frétillantes idoles d’un jour, clowns de la politicaillerie scénarisée. Un pays mis en veilleuse mais dont la vitalité se devine encore dans les failles qui percent l’étouffoir: un éditeur qui ose publier un livre imprudent, un journaliste qui, se rappelant la noblesse de son métier, se révolte et, traîné devant un tribunal, réussit à dominer ses inquisiteurs. Un vieil homme qui, négligeant la quiétude d’une confortable retraite, engage son dernier combat pour défende l’honneur de son pays oublié.
La France du lieutenant Schreiber » A. Makine, « Le pays du lieutenant SCREIBER »

Texte: Pascale de LORIOL
Photos: Michel DUMONT

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