Metin ARDITI : « L’homme qui peignait les âmes » (Ed. Grasset)
Metin Arditi est un écrivain et un conteur que nous connaissons bien puisqu’en 2019 il a reçu la médaille d’or de La Renaissance Française pour l’ensemble de son œuvre.
Son nouveau roman, dans la lignée des précédents, nous transporte dans un monde empreint d’une grande spiritualité et d’une touchante humanité.
Metin Arditi aime les héros qui sont aussi des hommes ; il va les chercher dans un passé qui nous semble lointain mais dont il tire les enseignements essentiels de la vie d’aujourd’hui. « L’homme qui peignait les âmes » est l’histoire étonnante d’un adolescent juif, Avner, qui vit modestement dans les environs de Jérusalem en 1078. Il livre dans un monastère le poisson que lui procure son activité de pêcheur. Ses joies sont simples ; son grand plaisir est de déguster des figues au sirop ou des galettes recouvertes de fromage de chèvre. Il aime aussi passer d’agréables nuits dans les bras de sa cousine Myriam.
Un jour, il entre dans une église et tombe en admiration devant une icône. Il est tellement ébloui que sa vie va s’en trouver bouleversée. Il se convertit et quitte brusquement sa famille quand il apprend le mariage de Myriam avec un plus riche que lui. Il se consacre alors totalement à l’apprentissage de la technique iconographique et se lance dans une suite d’aventures et de voyages qui lui offrent la possibilité de perfectionner ce qui devient son art et de faire la rencontre d’éminents personnages.
C’est la foi qui permet aussi à Avner de donner à ses icônes une étonnante profondeur. Mais son talent le porte à dépasser la représentation de Dieu et des saints. Il ose représenter des visages ordinaires, comme celui de Myriam, son œuvre. On l’admire beaucoup, mais on le jalouse aussi ; il est accusé de blasphème.
Au-delà de ce que l’on apprend de l’art iconographique, Metin Arditi donne une densité humaine très profonde à ce héros qui incarne toutes sortes de contradictions ; une synthèse de ce que la vie propose autour de la liberté, de la beauté et de la foi ; un monde spirituel envoûtant.
La grande leçon de « L’homme qui peignait les âmes » est de révéler ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain. Un message d’espoir que le lecteur découvre derrière un langage qui suggère tout avec finesse et sensibilité.
René Le Bars