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Pandémie et Beaux-Arts : quand la peste noire inspirait les peintres

Les grands malheurs de l’humanité ont toujours inspiré les gens de Lettres et ceux des arts visuels. « Guernica » de Picasso, compte parmi les œuvres les plus célèbres dénonçant les atrocités d’une guerre – ici la guerre d’Espagne, avec le bombardement de la petite ville de Guernica le 26 avril 1937, par les armées de l’Allemagne hitlérienne et de l’Italie mussolinienne, sur demande des nationalistes franquistes.
Cette œuvre commandée par le gouvernement républicain espagnol avait pour but de dénoncer les crimes commis par le totalitarisme, « contre le peuple et la démocratie ».

Jérôme Bosch et « Le Jugement dernier »

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La mort comme sujet d’inspiration n’était cependant pas une nouveauté dans le monde des Beaux-Arts.
Bien avant Picasso, le Néerlandais Jérôme Bosch (vers 1450 – 1516), avait peint un « Jugement dernier » dans lequel la mort des corps et des âmes domine le sujet. Il s’agit d’une peinture fantasmagorique, dans le pur modèle de l’art gothique qui orne les églises et cathédrales d’êtres imaginaires au faciès grimaçant.
L’Europe des XVè et XVIè était régulièrement frappée d’épidémies virulentes qui décimaient les populations. C’est la peste noire qui emporta Jérôme Bosch dans l’éternel sommeil.

Brueghel, la peste en bonne place

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La peste fut le thème d’un des disciples de Bosch, Pieter Brueghel (dit l’Ancien). Son tableau « Le triomphe de la mort » réalisé en 1562, aujourd’hui exposé au musée du Prado, à Madrid, montre les causes de la mort sous leurs divers aspects : guerres, catastrophes naturelles, crimes, épidémies. La peste y tient bonne place.

L’évêque de Marseille, les pestiférés et la Restauration de la monarchie française

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Dans la première moitié d’un XIXè siècle à peine guéri du traumatisme de la Révolution française et d’un athéisme imposé par la Terreur, et se relevait des ruines du Premier Empire qui avait isolé la France du reste de l’Europe, le monarque Louis XVIII avait acquis au peintre Nicolas Monsiau (1754-1837) un tableau représentant l’épidémie de peste à Marseille en 1720.
Ce tableau entré depuis dans les collections du Louvre, montre l’évêque du diocèse au contact des pestiférés, les bénissant, leur donnant les derniers sacrements pour le repos de leur âme après leur mort, sans se soucier de sa propre santé.
Par ce tableau, le souverain souhaitait ainsi restaurer à l’échelle du royaume un ordre social et moral fondé sur la foi catholique. L’évêque, artistiquement campé au milieu des malades, devait être donné comme modèle de dévouement, d’abnégation et de vertu, à imiter par tous.

Le symbolisme et la peste

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« La peste » fut également un sujet de création pour le peintre allemand Arnold Böcklin (1827-1901) avec ce tableau renvoyant au siècle de Jérôme Bosch et au symbolisme dominant.

Fujita et les animaux malades

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La peste inspira encore le plus français des artistes japonais Léonard Tsuguharu Fujita (1886-1968) avec ce tableau « Les animaux malades de la peste », autre relecture d’une des fables de la Fontaine clamant que « tous ne mourraient pas, mais tous étaient frappés ».
PIERRE MABIRE

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