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Patrimoine : chantier hors norme au Mont Saint-Michel

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Le Mont Saint-Michel dans sa baie, sauvé de l’ensablement grâce à des travaux titanesques achevés en 2015.

PAR PIERRE MABIRE
Monument de province le plus visité, le Mont Saint-Michel (Manche) est actuellement le cadre d’un chantier de restauration hors norme. Lancés en novembre 2019, les travaux dureront jusqu’en 2023.
Bien que construit en granit à la robustesse légendaire, le Mont subit une érosion permanente due aux vents violents chargés de sel et d’iode. Les toitures d’ardoises, âgées de 150 ans, sont en grande souffrance. Elles laissent l’eau s’infiltrer et ruisseler à l’intérieur de l’édifice. Des pierres rongées par les intempéries, les mousses, les algues et les lichens, menacent de tomber.

L’héliportage pour le transport des matériaux

A cause de sa situation géographique qui fait son charme et sa beauté, les entreprises se trouvent confrontées au transport des matériaux. Avec la disparition de la route qui provoquait l’ensablement de la baie, et son remplacement par une structure légère de navettes au service des visiteurs et pèlerins, les camions et fourgons de chantiers ne peuvent s’engager dans les sables sous peine d’enlisement.
La seule voie possible pour fournir les matériaux aux compagnons bâtisseurs est celle des airs.
Ainsi, deux-cents quarante rotations en hélicoptère furent nécessaires pour amener sur place les éléments de l’échafaudage dont la mise en place relève également de l’exploit.

Trente compagnons sur place

Au programme du chantier se trouvent le nettoyage de 8500 m2 de façade et toitures, le remplacement de 100 m3 de pierre, des travaux de charpente et de menuiserie. Le tout mobilisant sur place une trentaine d’ouvriers qualifiés MH (Monuments historiques).
L’échafaudage de 46 mètres de hauteur culmine à 140 au-dessus des flots, offrant aux compagnons une vue exceptionnelle sur la baie connue pour ses sables mouvants et ses lumières diaphanes. « Ce monastère fut construit verticalement. Il n’existe aucun autre édifice équivalent dans le monde », souligne François Saint-James, chargé d’action culturelle au Centre des monuments nationaux (CLN), établissement public qui gère la « Merveille », ainsi que la nomment les amoureux inconditionnels du Mont Saint-Michel.


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Repères historiques

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• XIème siècle
L’église abbatiale romane fut fondée sur un ensemble de cryptes, au niveau de la pointe du rocher et les premiers bâtiments conventuels furent accolés à son mur nord.

• XIIIème siècle
La Donation du roi de France Philippe Auguste permit d’entreprendre l’ensemble gothique de la Merveille : deux bâtiments de trois étages couronnés par le cloître et le réfectoire.

• XIVème et XVème siècle
La Guerre de Cent Ans rendit nécessaire la protection de l’abbaye par un ensemble de constructions militaires qui lui permit de résister à un siège de plus de trente ans. Le chœur roman de l’église abbatiale, effondré en 1421 fut remplacé par le choeur gothique flamboyant à la fin du Moyen-Age.
Ce grand foyer spirituel et intellectuel fut avec Rome et Saint-Jacques de Compostelle l’un des plus importants pèlerinages de l’Occident médiéval. Pendant près de mille ans des hommes, des femmes, des enfants sont venus, par des routes appelées « chemin de Paradis », chercher auprès de l’Archange du jugement, peseur des âmes, l’assurance de l’éternité.

• XIXème siècle
Devenue prison sous la Révolution et l’Empire, l’Abbaye nécessitera d’importants travaux de restauration à partir de la fin du XIXème siècle. Elle est confiée depuis 1874 au service des monuments historiques.
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